Aux côtés de la recherche d’un vaccin contre la Covid-19, la recherche d’un traitement pour soigner les malades infectés fait son chemin. Une équipe de chercheurs de l’Inserm a montré l’efficacité en laboratoire d’une combinaison de la molécule remdesivir avec l'antihypertenseur diltiazem pour traiter les patients infectés de la Covid-19. Ils ont publié le 21 juillet leurs résultats dans la revue Cell Reports Medicine et espèrent pouvoir lancer rapidement des essais cliniques.
Une reconstitution in vitro
Pour tester l’efficacité du traitement à base de ces deux molécules, les chercheurs ont développé des modèles expérimentaux d'infections virales. Ils ont reconstitué in vitro, des modèles au plus proche de la physiologie humaine pour comprendre les effets de ce traitement. Concrètement, ils ont reconstitué des épithéliums respiratoires humains d'origine nasale et bronchique. “Nous utilisons depuis plusieurs années ces modèles précliniques d'infection, qui sont très prédictifs de l'infection in vivo”, assure Manuel Rosa Calatrava qui a dirigé l’équipe de chercheurs.
Les scientifiques ont également développé des protocoles de quantification de génome viral et de particules infectieuses afin de mieux comprendre comment le virus agit chez son hôte. “Nous observons notamment dans nos modèles infectés par le virus l'induction de la production d'interleukines Il6 qui est un des marqueurs de sévérité de la maladie”, précise la chercheuse.
Réduction significative de la charge virale
Les résultats de ces études ont montré que c’est l’association du remdesivir et du diltiazem qui permet au traitement d’être efficace contre la Covid-19. Le remdesivir présente l’avantage d’avoir une activité antivirale contre les virus ARN dont fait partie le SARS-CoV-2. Le diltiazem, notamment utilisé contre les angines de poitrine, permet de stimuler la réponse immunitaire innée antivirale endogène, notamment contre les pneumovirus.
En couplant les deux molécules, la charge virale chez la personne infectée est réduite significativement. “En stimulant la réponse immunitaire innée des épithéliums, le diltiazem potentialise l'effet du remdesivir et offre l'opportunité d'en réduire les doses. Le remdesivir présente en effet une certaine toxicité in vivo en plus d'être un médicament très coûteux”, conclut Manuel Rosa-Calatrava. Cette dernière et son équipe poursuivre les essais précliniques et espèrent lancer un essai clinique dès cet hiver si l’efficacité du traitement se confirme.