Le rebond épidémique continue sa percée sur le territoire. “Il n’y a pas de deuxième vague mais une poursuite de l’épidémie”, a estimé Olivier Véran, ministre de la Santé. Ce dernier a recommandé le port du masque à l'extérieur, si “vous êtes dans une rue où il y a du monde et que vous n’êtes pas sûr de pouvoir tenir la distance”. Le gouvernement envisagerait de rendre le masque obligatoire dans le Nord, frontalier de la Belgique, où l’épidémie rebondit, selon des informations d'Europe 1. En fRance, c'est la Mayenne qui fait face à une intensification épidémique avec 15 foyers identifiés, selon le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) des Pays-de-Loire, Jean-Jacques Coiplet, lors d’une visioconférence de presse. En réaction, le préfet Jean-Francis Treffel a appelé à la “vigilance” et a durci les mesures barrières en interdisant les “rassemblements de plus de 10 personnes”. À cela s’ajoute l’obligation du port du masque dans le centre-ville de quatre communes du département : Laval, Mayenne, Château-Gontier-sur-Mayenne et Évron.
La question du port du masque, une question de bon sens
Le port du masque dans les rues n’est pas nécessaire si celles-ci ne grouillent pas de monde. Sa mise en place obligatoire dans les centres-villes de quatre communes de la Mayenne traduit de notre “indiscipline” face au virus, avance Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble, interrogé par Pourquoi docteur. “Si les gens ne comprennent pas que dans les espaces clos le risque d’infection est élevé, il faut trouver un moyen de leur faire comprendre. Cette mesure me paraît plus psychologique qu’autre chose. En rendant le masque obligatoire dans la rue, les gens vont comprendre qu’il faut le mettre dans les espaces fermés”, ajoute-t-il. Le port du masque dans la rue n’a pour l’instant pas été étendu dans le reste du département. Une mesure que Jean-Paul Stahl n’estime pas nécessaire puisqu'il existe “des endroits où le virus circule si peu que cela serait absurde. Il faut réserver ces mesures aux endroits où la circulation est importante, que ce soit des communes ou des petites régions.”
Pour se protéger au mieux du virus, la meilleure mesure reste le bon sens. “Pour qu’il y ait transmission ente deux personnes, il faut qu’elles se rencontrent, rappelle l’infectiologue. Dans une rue que je qualifie de normale, donc où il n’y a pas foule, nous ne sommes pas proches les uns des autres et s’il y a rapprochement, cela ne dure que très peu de temps, donc le risque de contamination n’existe quasiment pas.” Ce dernier estime alors que le meilleur remède pour lutter contre mal propagation du virus est l’utilisation du bon sens. “Si on se rend au marché et qu’il y a beaucoup de monde, alors il est préférable de porter le masque. Si on se balade en ville et qu’il n’y a pas grand monde, il n’est pas nécessaire. Entre les deux, il existe une zone grise où par principe de précaution, s’il y a un doute, il vaut mieux porter le masque”, poursuit-il.
Distanciation sociale et confinement des personnes infectées
Pour lutter contre la propagation du virus, l’autre mesure principale à respecter est la distanciation sociale. “C’est le meilleur masque, confirme l’infectiologue. Le mieux est de respecter une distance de 1,5 mètre avec son voisin, quelle que soit la circonstance.” Ensuite, il faut respecter le confinement pour les personnes infectées. “Dans les hôpitaux, nous sommes habitués à isoler les gens contagieux”, partage-t-il. Pour l’instant, des confinements plus importants ne sont pas d’actualité. Pour que le confinement soit étendu à des villes, des départements voire des régions, il faudrait “une remontée plus importante des cas et une augmentation significative des cas graves hospitalisés”, estime Jean-Paul Stahl.
En attendant un futur vaccin, la meilleure des réponses est de respecter les consignes pour limiter au maximum la propagation de l’épidémie. “La maladie est installée donc il va falloir vivre avec, se résout l’infectiologue. Ce qui fait qu’il y aura des mesures drastiques et contraignantes, c’est l’indiscipline des gens. S’ils n’acceptent pas une petite contrainte maintenant, ils auront de grosses contraintes à l’avenir.”