Maladie pulmonaire contagieuse due à une infection au bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis), la tuberculose est parfois considérée comme une maladie du passé. Pourtant, un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a montré qu’avec 1,5 million de décès à travers le monde en 2017, la tuberculose est à ce jour plus mortelle que le VIH (770 000 décès en 2018). Par ailleurs, en 2018, 10 millions de personnes auraient contracté la tuberculose, soit 5,7 millions d’hommes adultes, 3,2 millions de femmes adultes et un million d’enfants.
S’il existe aujourd’hui un vaccin contre la tuberculose, ainsi que cinq médicaments antituberculeux majeurs (rifampicine, isoniazide, éthambutol, streptomycine, et pyrazinamide), la lutte contre la maladie est loin d’être terminée. En effet, il existe, en France et dans d’autres pays, des bactéries tuberculeuses résistantes, qui peuvent résister à un seul médicament ou à plusieurs, dont les deux plus efficaces (isoniazide et rifampicine), voire à tous les médicaments existants.
La recherche de nouveaux antibiotiques est donc primordiale pour contrer cette multirésistance des bactéries responsables de la tuberculose. Grâce à une découverte des chercheurs du Centre John Innes, au Royaume-Uni, ce sera peut-être bientôt le cas. Dans une étude publiée dans le Journal of Antimicrobial Chemotherapy, ils expliquent avoir évalué deux composés aux propriétés antibactériennes qui font de sérieux candidats antibiotiques pour lutter contre la tuberculose.
Deux composés qui n’entraînent pas de résistance bactérienne
Comme l’explique l’équipe de recherche dans un communiqué, la stratégie de recherche de nouveaux traitements consiste à trouver des composés qui exploitent des cibles existantes bien connues pour des médicaments. Cible de nombreux antibiotiques, l’ADN gyrase est une protéine spécifique des bactéries, qui est essentielle à la réplication de leur chromosome circulaire.
Ces nouveaux composés cherchent eux aussi à inhiber son activité. En utilisant la cristallographie aux rayons X, l'équipe de recherche a mis au point deux composés ciblant l’ADN gyrase des bactéries responsables de la tuberculose. Ils se sont aperçus qu’étonnamment, une mutation très courante de l'ADN gyrase qui rend les bactéries résistantes à un groupe d'antibiotiques apparenté, les aminocoumarines, n'a pas entraîné de résistance aux composés examinés ici.
“Nous espérons que les entreprises et les groupes universitaires qui travaillent à la mise au point de nouveaux antibiotiques trouveront cette étude utile. Elle ouvre la voie à une synthèse et à une étude plus poussée des composés qui interagissent avec cette cible”, a déclaré le professeur Tony Maxwell, l'un des auteurs principaux des travaux.
“La résistance aux antimicrobiens est désormais bien reconnue comme l'un des plus grands problèmes auxquels nous sommes confrontés au XXIe siècle. Si nous ne trouvons pas rapidement des solutions à ce problème, nous pourrions assister à des épidémies de maladies bactériennes à l'avenir. Les gens connaissent la peste bubonique et d'autres pestes aussi terribles en étudiant l'histoire, mais il n'est pas exagéré de dire que des maladies bactériennes de ce type pourraient réapparaître si nous ne disposons pas d'antibiotiques efficaces. Nous devons trouver un moyen de réunir l'expertise du secteur universitaire et du monde des affaires en vue d'une action décisive", a-t-il ajouté.