- La potion a présenté d’excellents résultats pour supprimer les biofilms, une forme particulièrement tenace de colonisation bactérienne qui résiste aux antibiotiques classiques.
- La clé de la réussite de cet élixir réside dans la combinaison de tous ces ingrédients.
Faire du neuf avec de l’ancien. Des chercheurs britanniques de la School of Life Sciences de l'université de Warwick ont découvert dans un grimoire datant du début du Moyen Âge une recette qui présente de puissants effets antibiotiques contre les bactéries résistantes. La recette est une mixture mélangeant oignons, ail, vin et des sels biliaires de bovin. Le livre, lui, se nomme Leechbook de Bald, et a été écrit entre la fin du IXe siècle et le début du Xe siècle. Les scientifiques ont publié les résultats de leur recherche dans la revue Scientific Reports le 28 juillet.
L’association des ingrédients, clé du succès
La potion a présenté d’excellents résultats pour supprimer les biofilms, une forme particulièrement tenace de colonisation bactérienne qui résiste aux antibiotiques classiques. L'élimination d'un biofilm requiert ainsi normalement 100 à 1 000 fois plus de temps que pour des bactéries circulant librement. Chacun des ingrédients possèdent naturellement des propriétés antibactériennes. L’ail et l’oignon possèdent par exemple de l'allicine, un composé sulfuré qui sert aux plantes à se défendre contre les insectes et les prédateurs.
La clé de la réussite de cet élixir réside dans la combinaison de tous ces ingrédients. “Les médicaments conventionnels reposent souvent sur un seul principe actif, remarque Freya Harrison, chercheuse principale de l’étude. Les remèdes traditionnels, eux, font souvent appel à des mélanges de plantes ou d'autres substances naturelles. La synergie résulte probablement des molécules qui optimisent l'activité mutuelle des différents composés, ou alors des différents mécanismes d'action de chacun des ingrédients. En purifiant les composés individuels pour obtenir des traitements facilement quantifiables et caractérisés, nous perdons peut-être des interactions vitales de produits naturels dans le mélange d'origine qui empêche les effets secondaires ou la toxicité.”
Puiser dans les livres anciens, une pratique connue
Le livre Leechbook de Bald est un petit nid à recettes médicinales. Conservé à la British Library de Londres, il est l'un des plus anciens livres de médecine connus. Des recettes de pommades ou encore de concoctions y sont légions. On peut noter une recette à base de mélange d'œufs, de vin et de fenouil pour les engelures et un aphrodisiaque à base de thé des bois bouilli dans du lait.
D’autres exemples de recettes anciennes qui ont été ressorties pour leur efficacité pullulent. L’équipe de chercheurs dirigée par Freya Harrison n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. En 2015, ils ont constaté l’efficacité d’une potion à base d’oignons, le “collyre de Bald”, contre le staphylocoque doré. En Chine, l’artémisinine, un antipaludéen dérivé de l’armoise, a été découvert après la lecture de textes anciens.