Malaise, vomissement et tournis, les signes du mal de mer ont gâché plus d'un séjour sur l'eau. Ce mal est provoqué par un conflit entre l'oreille interne, les informations visuelles et la perception que l'on a de son corps dans l'espace. “La discordance des informations perturbe l'action des centres de l'équilibre. Dans l'impossibilité de donner une réponse conforme aux informations reçues, le centre [d'équilibre du cerveau, NDLR] ‘accumule’ des informations inutilisables, entraînant un surplus d'influx nerveux, explique le docteur Jean-Yves Chauve, médecin officiel du Vendée globe dans le magazine Voile santé. Au-delà d'une dose supportable, il faut évacuer cette surcharge nerveuse et c'est le vomissement qui s'en charge.”
Cette surcharge frappe plus ou moins fort en fonction des conditions maritimes. “Le mal de mer arrive généralement lorsque la personne ne voit plus la côte, ou sur une embarcation à moteur, explique le docteur Hervé Roguedas, médecin fédéral de la Fédération française de voile. Au contraire c'est particulièrement rare sur des petits supports en solitaire ou double.” La dissonance de ressenti et de perception est particulièrement forte lorsque la mer s'agite : “Les mouvements de haut en bas, perpendiculaires à la ligne oeil-oreille sont les plus à craindre”, explique le médecin du Vendée globe.
Cependant, le mal de mer dépend également de la personne et touche particulièrement les enfants. “La sensibilité [au mal de mer, NDLR] augmente de 2 à 12 ans pour se stabiliser ensuite et décroître doucement avec l'avancement en âge, assure le docteur Chauve. Après 50 ans, le mal de mer est plus rare.” Ce professionnel de la mer déconseille de monter sur un bateau avec l'angoisse d'avoir le mal de mer, c'est selon lui le meilleur moyen de le déclencher. De même, il assure que la fatigue, la faim, le froid et l'humidité ainsi que certaines odeurs fortes provoquent ces nausées.
Conseils pour bien gérer le mal de mer
Pour ne plus souffrir du mal de mer, le médecin conseille avant l'embarquement de bien dormir la veille, de ne pas trop manger, de bien s'hydrater et de s'habiller chaudement.
Une fois en mer, il faut être actif pour éviter d'y penser, rester au milieu du bateau où la houle est plus atténuée en raison du centre de gravité, et si possible respirer l'air de l'extérieur.
En cas d'un début de malaise, il suggère de fixer l'horizon ou un autre point lointain afin d'aider le système d'équilibre interne, de garder la tête immobile, de grignoter régulièrement pour ne pas être en hypoglycémie et aggraver la sensation de vertige et de s'allonger s'il n'est pas possible d'être actif.
Jean-Yves Chauve déconseille également de prendre des excitants comme le café ou l'alcool, d'aller à l'avant du bateau et surtout de lire.
Des traitements pour atténuer les effets
Il existe des médicaments pour prévenir ou diminuer les symptômes du mal de mer, cependant ils ne sont pas dénués d'effets secondaires. Des rééducations de l'oreille existent également pour lutter contre ces malaises.
Cependant, cette dissonance interne se résout normalement en 2 à 3 jours de mer. “Le temps d'adaptation est très variable selon les individus, affirme le docteur Chauve. Peu à peu, le centre de l'équilibre considère ces informations incohérentes comme peu pertinentes. Quand il n'en tient plus compte du tout, cela va bien mieux.” Un phénomène similaire à celui d'un environnement bruyant où après un certain temps le cerveau ignore cette gêne.