Face à la polémique suscitée par l’interruption médicale de grossesse (IMG) en raison d'une “détresse psychosociale de la mère", le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) se déclare favorable au dispositif. “Recevoir et écouter les femmes dans le cadre de l’IMG, débattre au sein de nos staffs dédiés de la nécessité de les prendre en charge constitue aujourd’hui une véritable nécessité. Cette discussion au sein du service analyse le péril (gravité - certitude - immédiateté) pour la santé de la mère et ce quel que soit le degré d’avancement de la grossesse. Une recommandation a été faite en ce sens à tous les gynécologues obstétriciens par le CNGOF”, expliquent les gynécologues, qui rappellent que l’IVG comme l’IMG peuvent être réalisées par voie médicamenteuse.
Les professionnels de santé vont même plus loin : “Pour faire face à des délais qui seraient dépassés du fait du confinement, l’IMG d’indication maternelle qui prend en compte les causes psycho sociales lorsqu’il y a péril grave pour la santé de la mère répond parfaitement à ce type de situation". Ils ajoutent : "Les situations difficiles, voire dramatiques, que vivent les femmes justifient des processus de réflexion des équipes médicales dans la clarté et la transparence en utilisant complètement les dispositions légales de notre pays.”
Un tollé sur la Toile
L’amendement N° 524, adopté dans le cadre de la révision des lois de bioéthique à propos de l'interruption médicale de grossesse (IMG), suscite un tollé sur la Toile. Concrètement, le texte, principalement porté par des socialistes, autorise l’interruption médicale de grossesse (IMG) pour cause de détresse psychosociale de la mère.
“Horrible piège Loi #bioéthique pour tuer un bébé de 9 mois pour ‘détresse psychosociale’?.. (jamais vérifiée) Amendement adopté «à la sauvette en pleine nuit» qui détourne le dispositif de l’#IMG (permis pendant 9 mois) quand le délai de l’#IGV est passé", tweete par exemple Adrenaline. “J'ai toujours été pour le droit d'avortement et pourtant je n'ai jamais, pendant mes études de médecine, assisté à quelque chose de plus... insoutenable. Mais pondre un amendement, pour que l'IMG soit possible jusqu'au terme en cas de détresse psycho sociale de la mère : ????", écrit aussi Ze Clint sur Twitter.
Entre 200 et 300 IMG par an
L’Interruption volontaire de grossesse (IVG) doit se dérouler avant la douzième semaine de grossesse, tandis que l’interruption médicale de grossesse (IMG) peut être déclenchée sans restriction de délai, soit jusqu'à terme. Cette pratique concerne entre 200 et 300 avortements par an, contre 215 000 à 230 000 IVG annuelles.
“L’interruption médicale de grossesse (IMG) est un acte médical intervenant lorsqu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic ou bien lorsque la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme enceinte, ce qui inclut des situations de détresse psychosociale", indique l’amendement N° 524, voté la semaine dernière par les députés. “Cependant, nous ne pouvons que constater trop souvent des interrogations et des divergences d’interprétation sur l’opportunité de prendre en compte la détresse psychosociale parmi les causes de péril grave justifiant la réalisation d’une IMG. Il convient donc de clarifier le cadre juridique dans lequel le collège médical rend son avis sur l’opportunité de réaliser cet acte. Tel est l'objet de cet amendement du groupe socialistes et apparentés”, précisent les élus.
“Même si son action n'est pas immédiate, le but de ce texte est simplement de mettre en lumière la nécessité d’étudier, plus en détail et au cas par cas, la situation personnelle de chaque femme réclamant une IMG, et non pas seulement leur état de santé physique, détend Marie-Noëlle Battistel, députée PS de l’Isère, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et co-rapporteuse de la mission d’information sur l’IVG. Ensuite, la décision du collège médical peut bien évidemment être favorable ou défavorable.”
L'amendement 524 doit encore être examiné par les sénateurs, puis revenir en dernière lecture à l'Assemblée nationale, avant d'avoir son décret d'application.