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Scandale sanitaire

Scandale des pompes à insuline : les alternatives pour les patients

Par Jean-Guillaume Bayard

Depuis le 30 juin, 250 patients français atteints d’une forme rare de diabète de type 1 ne peuvent plus bénéficier des pompes à insuline implantables pour contrôler leur glycémie. En attendant qu’une nouvelle entreprise soit capable de reprendre la production, les alternatives ne sont pas nombreuses et présentent toutes des limites.

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Depuis le 30 juin, des centaines de patients atteints d'une forme rare de diabète n'ont plus de solution viable pour vivre normalement.
Parmi les alternatives, la greffe d’îlots pancréatiques, plus lourde, présente des risques liés à la greffe et aux traitements par immunosuppresseurs.
Une autre option qui pourrait être envisagée est celle des pancréas artificiels mais cette technique n’est pas adaptée pour ces patients.

Le 30 juin dernier, l’entreprise pharmaceutique américaine Medtronic a cessé de produire les pompes à insuline qui permettent à plusieurs centaines de patients de pouvoir vivre normalement. Atteints d’une forme très instable de diabète de type 1, ils ne répondent pas aux traitements classiques d’absorption de l’insuline en sous cutanée est mauvaise ou irrégulière entrainant de grosses variations du sucre dans le sang, en particulier des comas hypoglycémiques. Pour contourner le problème, ils utilisent une pompe interne qui permet de leur diffuser directement l’insuline dans le corps. Problème, depuis le 30 juin celle-ci n’est plus produite par Medtronic et aucun repreneur ne peut en assumer la production avant, minimum, 2023.

Des alternatives qui ont toutes leurs limites

On se sent abandonnés”, a confié Sabine Guérin, implantée depuis 27 ans et fondatrice du Collectif des implantés, à Pourquoi docteur le 30 juin dernier, moment où elle et les autres se sont retrouvés sans solution pérenne. “Pour ces patients, la seule prise en charge satisfaisante de leur maladie nécessite, à date, une administration d’insuline par voie péritonéale, celle-ci permet à l’insuline de passer par la veine porte et d’arriver au foie siège de la mise en réserve du sucre, décrit Nathalie Jeandidier, chef du Service d'endocrinologie, diabète, nutrition au CHRU de Strasbourg dans un communiqué. Ce trajet est celui de l’insuline chez les sujets non diabétique et permet une bonne régulation de la glycémie en particulier lors des repas et de l’activité physique.”

Des alternatives existent bien pour ces patients mais toutes affichent des limites. “Parmi elles, la greffe d’îlots pancréatiques (cellules sécrétant de l’insuline de façon régulée), plus lourde, présentant des risques liés à la greffe (thrombose de la veine porte... ;) et aux traitements par immunosuppresseurs ; des équipements externes DiaPort ouverts à la peau entrainant des infections répétées et ne représentant qu’une solution de court terme”, expose Nathalie Jeandidier. Une autre option qui pourrait être envisagée est celle des pancréas artificiels mais cette technique n’est pas adaptée pour ces patients dont la glycémie est très instable et ne correspond pas aux algorithmes mis en place pour le reste des diabétiques.

La voie physiologique, une alternative à explorer

La professeur Nathalie Jeandidier explique que la recherche médicale doit se concentrer “sur des méthodes privilégiant une administration physiologique permettant à l’insuline d’accéder rapidement à la veine porte”. Cela correspond à des grosses veines qui transportent le sang vers le foie pour lui apporter le sucre et l’insuline. “Cette solution induit un bon contrôle de la glycémie, une moindre variabilité et diminue significativement les écarts importants, hyperglycémies et les hypoglycémies sévères”, veut-elle croire.