- Moins un salarié est malade moins il a tendance à manquer des jours de travail.
- Plus le salarié a de travail, plus il aura tendance à être présent malgré la maladie.
- Les femmes, les cadres et les seniors sont ceux qui déclarent manquer le moins de jours de travail.
Rien n'arrête les Français. Une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publiée mercredi 5 août, montre que nous avons tendance à nous rendre au travail alors que nous sommes malades. Pour arriver à cette conclusion, ils ont utilisé les données de l’Insee récoltées en 2016 sur 27 000 personnes qui ont répondu à l’enquête “Conditions de travail et risques psychosociaux”. Ces derniers ont déclaré avoir été malades onze jours en moyenne mais ne sont restés chez eux que huit jours, préférant se rendre sur leur lieu de travail les trois autres journées.
Plus il y a de travail, moins il y a d’absentéisme
Le présentéisme des salariés français dépend d’abord du nombre de jours où ils sont malades. “La propension au présentéisme […] varie d'abord en fonction de l'état de santé des salariés : plus le nombre annuel de jours de maladie est élevé, plus la part des jours de présentéisme dans l'entreprise est faible”, analyse la Dares. Les salariés qui ne signalent qu'un ou deux jours de maladie dans l'année passent 83 % de ces jours au travail, contre 21 % pour ceux cumulant plus de quinze jours de maladie.
L’autre facteur qui explique le présentéisme sont les conditions de travail. “Les salariés qui signalent de mauvaises relations avec leur hiérarchie, un travail intense ou un sentiment d'insécurité économique ont tendance à passer au travail une part plus importante de leurs jours de maladie”, note la Dares. Plus l’intensité du travail augmente et plus le présentéisme des salariés augmente. “Lorsqu'il fait face à une demande de travail importante (en intensité, en quantité ou en temps de travail), ou lorsqu'il manque de moyens pour faire correctement son travail […], le salarié pourrait être découragé de s'absenter par la perspective d'une quantité de travail encore plus importante à son retour de maladie ou par la pression des collègues sur qui retomberaient les tâches non réalisées”, explique la Dares.
Les femmes, les cadres et les seniors
D’autres variables expliquent ce présentéisme, comme les relations avec les collègues et la taille de l’entreprise. Des relations tendues ou encore des périodes de réorganisation de l’entreprise conduisent les salariés à ne pas trop s’absenter. Si la boîte est petite, le taux de présence est lui aussi important. “On peut établir un parallèle entre les facteurs de présentéisme et les facteurs de risque de burn-out, remarque au Monde la docteure Marine Colombel, médecin psychiatre et auteure de Méditation anti-burn-out (Marabout, 2018). Notamment ce que l’on appelle la fatigue de compassion, le fait de préférer le bien-être des autres à son bien-être propre, au risque de mettre sa santé en danger.”
Enfin, l’étude révèle que les femmes ont plus tendance à être présente sur le lieu de travail malgré la maladie que les hommes. Une tendance qui touche également plus les cadres que les non-cadres et les seniors plutôt que les jeunes.