Des scientifiques américains de Harvard ont décidé de tester sur eux-mêmes leur nouveau vaccin contre le coronavirus. L’équipe, baptisée Radvac, se passe de toute approbation officielle de la FDA, faisant passer les risques pour la santé des chercheurs au second plan.
Un produit pulvérisable directement dans le nez
“Je pense que les risques liés à la Covid-19 sont beaucoup plus importants (que notre propre santé), compte tenu des nombreuses façons dont on peut l’attraper et de ses multiples conséquences”, explique George Church, généticien du Wyss Institute. Outre les chercheurs de la Radvac, le vaccin a été administré à 90 volontaires.
Le vaccin testé vise à être le plus simple possible. Les scientifiques de la Radvac ont ainsi conçu un produit pulvérisable directement dans le nez, qu’il serait possible de s’injecter de chez soi et de recevoir par la poste. Les études sur les vaccins MERS et SRAS ont servi de base à l’élaboration de l’immunisation.
Le vaccin contre la polio
Si l’initiative est noble, le bioéthicien Arthur Caplan juge que les chercheurs de la Radvac sont “complètement dingues”. Pourtant, l’histoire n’est pas sans rappeler celle du vaccin contre la polio. A l’époque où cette infection virale de la moelle épinière ravageait l’Europe et les Etats-Unis, causant de terribles paralysies et la mort de nombreux enfants, le virologue Jonas Salk décide de tester sur lui-même, sa famille et quelques volontaires un vaccin contre la polio. Le 26 mars 1953, il annoncera au monde que son produit est efficace.
La course au vaccin contre le coronavirus bat son plein dans le monde. L’entrée de trois projets en phase 3 des essais cliniques — celui développé par l’Américain Moderna, le Britannique de l’université d’Oxford en partenariat avec AstraZeneca et le Chinois CanSino — laisse espérer la mise au point d’une immunisation efficace d’ici à 2021.