La plupart des travaux scientifiques sur l’alimentation utilisent le questionnaire comme outil de recherche. Les participants doivent déclarer ce qu’ils mangent, sous quelle forme, à quelle heure, dans quelles proportions, etc. Cette méthode comprend des biais méthodologiques : les personnes peuvent oublier de déclarer certaines choses, sous-estimer leur consommation ou la taille des portions, ou à l’inverse, les surestimer. Dans Journal of Agricultural and Food Chemistry, une équipe scientifique a cherché une méthode plus fiable pour réaliser des études nutritionnelles. Ils ont réalisé des analyses scientifiques sur l’urine des participants à leur étude.
Une étude sur les pommes de terre
“Beaucoup de personnes oublient, ou ne veulent pas, indiquer honnêtement ce qu’elles ont mangé, explique Cristian De Gobba, professeur assistant au département des sciences de l’alimentation de l’université de Copenhague (Danemark)et co-auteur de la recherche. Nous avons donc trouvé une méthode qui utilise les tests urinaires pour examiner les substances présentes dans l’organisme suite à la consommation de divers aliments. En faisant ainsi, nous espérons pouvoir contribuer à la mise en place d’études scientifiques plus approfondies et plus objectives.” Dix personnes ont été recrutées pour cette recherche. Les chercheurs leur ont demandé de consommer des pommes de terre sous différentes formes : bouillies, frites ou cuites en chips.
Analyser les substances nocives
Les participants âgés de 24 à 46 ans ont été séparés en différents groupes, en fonction de celui-ci, un régime d’une semaine leur a été prescrit. Ils devaient consommer les pommes de terre sous telle ou telle forme pendant toute la durée de l’expérience. À l’issue de celle-ci, les scientifiques ont analysé leurs échantillons d’urine pour examiner les différentes substances présentes.
"Nous avons utilisé la spectrométrie, une technique qui sépare les différentes substances chimiques selon leur masse, ajoute Cristian De Gobba. Par exemple, la masse de sucre est différente de la masse de protéine.” Cette méthode leur a permis de comprendre que selon le type de cuisson de la pomme de terre, les molécules présentes dans les urines sont différentes. Les pyrroles, une substance connue pour sa faible valeur nutritionnelle et son influence sur notre capacité à réguler le sucre, sont plus présents dans les pommes de terre frites que dans les bouillies.
Le test urinaire, un outil répandu
“Nous devons maintenant savoir si ces substances sont spécifiques aux pommes de terre et aux produits qui en sont issus, ou si on les retrouve plus largement, dans différents types de nourriture chauffée”, conclut Lars Ove Dragsted, co-auteur. Les tests urinaires sont déjà utilisés dans d'autres domaines scientifiques. Les médecins les pratiquent notamment pour le dépistage des cancers de la vessie.