ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Vers une possible pénurie de gants en latex

Covid-19

Vers une possible pénurie de gants en latex

Par Amanda Breuer-Rivera

Les médecins libéraux et centres hospitaliers ont de plus en plus de mal à s'approvisionner en gants en latex. La conséquence d'un confinement des zones malaisiennes où sont produits la plupart des équipements en latex au monde, ainsi que la forte demande mondiale de ce produit pour réaliser des tests PCR.

AndreyCherkasov/iStock
MOTS-CLÉS :

Qu'est-ce que c'est que ces gants chinois ? s'exclame un praticien hospitalier francilien. C'est trop petit et ils se déchirent” s'énerve-t-il. Son assistante quitte la salle de consultation pour trouver au professeur en médecine des gants en latex. “C'est ça la médecine en France, s'exclame-t-il alors. C'est comme durant la première vague où faute de sur-chaussures ont a mis des sacs poubelles sur les pieds. On a une médecine de sac poubelle !" provoque-t-il. Pourtant, comme durant la première vague, certains matériaux commencent à manquer.

Franceinfo rapporte que la Malaysian Rubber Glove Manufacturers Association (Margma), un regroupement de fabricants de gants en caoutchouc malaisien d'où proviennent trois paires de gants en latex sur cinq vendues dans le monde, prévoit une augmentation de 20% de la demande mondiale en 2020. Les carnets de commandes de ses usines sont pleins jusqu'en 2021 tandis que le coronavirus circule toujours et que certains secteurs d'activité restent fermés dans le pays, comme le rappelle l'ambassade de France à Kuala Lumpur. Une hausse de la demande qui peut s'expliquer par la multiplication des tests PCR partout dans le monde où l'utilisation des gants est nécessaire pour le technicien. 

Vers une pénurie mondiale

Difficile cependant pour le leader des gants en latex d'augmenter en quelques mois sa production de 20%. Malgré l'existence d'alternative au latex pour les gants médicaux — des gants en nitrile médical dont le principal producteur est la Chine — les professionnels le boudent laissant place à une concurrence entre pharmaciens, professionnels en Ehpad, infirmiers et médecins libéraux auprès des revendeurs eux-mêmes en concurrence à l'international. Résultat ? Une hausse des prix. “À chaque commande, les prix augmentent de 20 à 30%. Les conteneurs commandés en janvier à un prix normal ont doublé à l'arrivée, explique à Franceinfo Antoine Chonion, dirigeant de Robé Medical, un revendeur de produits médicaux. En tant que fidèles clients, nous avons encore des prix raisonnables, mais c'est compliqué de gérer la pénurie.” Ce revendeur français assure qu'il est encore possible d'obtenir une commande de gants chinois en l'espace de 2 mois, mais que ceux des gants malaisiens ne peuvent être livrés avant la fin de l'année ou janvier 2021.

Franceinfo a alors interrogé la Direction générale de la santé qui assure maintenir un pont aérien pour s'approvisionner en gants et reconstituer les stocks. Elle recommande aux établissements de santé de faire parvenir leur demande à l'Agence régionale de santé. Cependant cette mesure ne concerne que les établissements dépendant du ministère de la Santé. Les professions libérales ainsi que les laboratoires de santé doivent trouver leurs propres sources d'approvisionnement, assure Franceinfo. Pour le docteur Bruno GrandBastien, président de la Société française d'hygiène hospitalière, cette pénurie est liée à un “mésusage des gants”. “La réalisation d'un test PCR est un geste qui nécessite le port de gants car il y a un contact avec la muqueuse nasale. Tout comme la prise de sang. Mais il n'est pas utile de porter des gants pour la prise en charge d'un patient ou d'un résident d'un Ehpad par exemple", souligne-t-il à nos confrères.