Les femmes sont deux fois plus victimes des effets secondaires des médicaments, en comparaison aux hommes. Dans Biology of Sex Differences, des scientifiques de l’université californienne de Berkeley (Etats-Unis) en font le constat. D’après eux, les études cliniques réalisées pour tester les médicaments sont en cause : elles sont majoritairement réalisées sur des hommes.
Lack of females in drug dose trials leads to overmedicated women. ????
— UC Berkeley (@UCBerkeley) August 12, 2020
“When it comes to prescribing drugs, a one-size-fits-all approach, based on male-dominated clinical trials, is not working, and women are getting the short end of the stick,” https://t.co/IRxzi6xQrJ
Des effets secondaires plus difficiles à supporter
“Lorsqu’on s’intéresse à la prescription de médicaments, une approche façon taille unique, basée sur des études cliniques majoritairement masculines, ne fonctionne pas, explique l’auteur de l’étude Irving Zucker, et les femmes ramassent les pots cassés.” Au départ de la recherche, les scientifiques ont recueilli des informations issues de différentes publications scientifiques : ils ont constaté des inégalités de dosage liées au genre dans 86 médicaments, approuvés par la Federal Drug Administration, l’équivalent de l’Agence nationale de sécurité du médicament en France. Il s’agissait principalement d’antidépresseurs, de médicaments pour le cœur et d’analgésiques notamment.
Dans toutes ces recherches, les analyses sanguines indiquaient une plus forte concentration des médicaments chez les femmes. Elles avaient également besoin de plus de temps pour en éliminer toutes les traces. Dans 90% des cas, les femmes ressentaient les effets secondaires les plus difficiles comme la nausée, les eaux de tête, les hallucinations, les déficits cognitifs, etc.
Un sexisme de longue date
Irving Zucker rappelle que les femmes ont été exclues des études médicales pendant plusieurs décennies car elles étaient jugées plus difficiles à étudier. “La négation des femmes est très répandue, même dans les études animales et cellulaires, où les sujets étudiés sont majoritairement masculins”, ajoute-t-il. Selon lui, il est nécessaire que les médecins, les chercheurs et l’industrie pharmaceutique prennent davantage en compte les différences biologiques, et que les dosages soient réduits pour les femmes pour une grande partie des médicaments.
Un constat antérieur
Dès 2014, le magazine Science & Vie s’était intéressé aux inégalités de genre dans la fabrication des médicaments. Les journalistes avaient rassemblé des informations issues de différentes études médicales. Ils constataient qu’aussi bien pour des vaccins que pour les traitements, les femmes sont désavantagées. Souvent, les médicaments sont aussi plus efficaces chez les hommes. En matière d'inégalités, la santé n'est pas épargnée !