Chaque virus agit sur notre système immunitaire. Certains parviennent à bloquer totalement son action, comme Zika. Des chercheurs de l’université Riverside en Californie (Etats-Unis) ont voulu comprendre ce phénomène. Ils publient leurs résultats dans Nature Structural & Molecular Biology.
Une interaction entre protéines
“La suppression de l’immunité de l’hôte est une stratégie fréquemment employée par les virus pour réussir l’infection", détaille Jikui Song, professeur de biochimie au sein de l’université. Dans le cas de Zika, l’organisme utilise des interférons de type 1 pour se défendre, mais le virus déploie une protéine, appelée NS5, qui interagit avec la protéine STAT2, élément essentiel de la stratégie de défense des interférons. Cette interaction entre le virus et la protéine dégrade STAT2 et cela empêche la réponse immunitaire provoquée par l’interféron de type 1. “Notre travail fournit des informations structurelles et fonctionnelles sur les interactions entre le virus Zika et l’hôte", ajoute le chercheur. D’après lui, cela pourrait permettre de développer des antiviraux et des vaccins. “Cibler l’interaction entre le virus et l’hôte pourrait même fournir une approche intéressante pour le développement de traitement contre SARS-CoV-2, le virus à l’origine de la Covid-19.”
Le risque d’anomalies du fœtus
Le virus Zika est transmis par la morsure d’un moustique, mais des personnes ont également été contaminées par voie sexuelle. Entre trois et douze jours après la piqûre, les premiers symptômes apparaissent : maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, etc. Entre 70 et 80% des patients ne subiront aucun symptôme. Par la suite, le virus peut provoquer des complications graves : des cas de syndrome de Guillain-Barré ont été observés en Polynésie française et au Brésil d’après l’Institut Pasteur. Pour les femmes enceintes, le risque est la transmission du virus au fœtus, dans ce cas, des anomalies du développement cérébral peuvent apparaître.
Un virus ancien, des épidémies récentes
Selon l’Institut Pasteur, la première détection du virus a eu lieu en 1947 sur un singe en Ouganda. Les premiers cas humains sont apparus en 1970 dans différents pays africains, puis en Asie. Au milieu des années 2010, une épidémie de Zika a commencé en Polynésie française. Entre 2013 et 2014, plus de 55 000 cas ont été détectés dans la région. Un an plus tard, le virus se propage au Brésil: Entre 440 000 et 1 500 000 cas suspects ont été repérés dans le pays. En France, des cas ont été diagnostiqués sur des personnes revenant de pays où le virus circule.