Pour endiguer la reprise de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement entend bien imposer des mesures sanitaires strictes aux entreprises. Ce mardi 18 août, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a présenté aux partenaires sociaux lors d'une visioconférence les contours des nouvelles règles qui entreront en vigueur le 1er septembre. Deux pistes, évoquées lors d’un entretien au JDD ce week-end, sont retenues : le port obligatoire du masque et le recours au télétravail.
Protéger les salariés
Alors que les indicateurs statistiques de contamination sont à nouveau en hausse, l’objectif du gouvernement est d’éviter que les entreprises privées ne deviennent des lieux de circulation active du nouveau coronavirus. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, 24 % des foyers épidémiques de Covid-19 se trouvent sur les lieux de travail (hors établissements médicaux), notamment les abattoirs et les exploitations agricoles. En Île-de-France, les entreprises représentent 16 % des foyers de contagion.
Après avoir échangé avec le patronat et les syndicats en fin de semaine dernière, le port obligatoire du masque sera préconisé “dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle (et) les espaces de circulation", a indiqué Elisabeth Borne dans les colonnes du JDD. En revanche, il ne sera pas imposé dans les bureaux individuels “où il n’est pas forcément nécessaire".
Le télétravail sera quant à lui “recommandé" à chaque fois que c’est possible, notamment “dans les zones de circulation active du virus".
Par ailleurs, le ministère de la Santé a demandé Haut Conseil de la Santé publique de plancher sur le cas des open spaces et de déterminer sur les vitres de plexiglas entre chaque bureau sont efficaces pour protéger les salariés. La règle de distanciation imposant un mètre carré par poste de travail est pérennisée.
Les employeurs sont quant à eux invités à se montrer plus “vigilants" quand “des travailleurs sont accueillis dans un hébergement collectif, comme c'est le cas pour les saisonniers", mais aussi “dans les milieux froids et humides" comme les abattoirs, a fait savoir la ministre du Travail.
Des questions en suspens
Reste désormais à savoir si ces mesures sanitaires seront suffisantes pour empêcher les contaminations sur les lieux de travail. Dans une tribune publiée sur Libération jeudi 14 août, un collectif de professionnels de santé estime que les “protocoles actuels de sécurité qui concernent les lieux de travail (…) ne prennent pas sérieusement en compte un facteur très important de propagation du Covid-19, à savoir la transmission via aérosol.”
Autre motif d’inquiétude : que le masque, alors considéré comme équipement de protection individuelle, ne soit à la charge des entreprises. “Se posent aussi des questions en termes d’organisation du travail, du temps de travail et des locaux de travail", estime Véronique Martin de la CGT, citée par Ouest-France.