ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > En Espagne, beaucoup de contaminations pour peu d'hospitalisations

Covid-19

En Espagne, beaucoup de contaminations pour peu d'hospitalisations

Par Amanda Breuer-Rivera

Le pays ibérique est l'un des plus endeuillés au monde et ne parvient pas à freiner le nombre de contaminations. 

Unimagic/iStock

Rien ne va plus en Espagne ? Ce mardi 18 août, la ministre de la Défense, Margarita Robles, a officiellement démenti la rumeur lancée par un média britannique disant que le gouvernement espagnol préparerait un nouveau confinement en Espagne à la rentrée. “C'est de la science-fiction, a-t-elle déclaré à des journalistes espagnols. En ce moment le gouvernement ne prévoit pas un nouveau confinement”, avant d'ajouter que “personne ne sait ce qu'il peut encore arriver”. Pourtant, cette rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre. La raison ? Les chiffres inquiétants du nombre de contamination à la Covid-19.

Depuis la mi-juillet, la progression du virus s'emballe et atteint un niveau comparable à celui d'avril 2020, soit en plein confinement. Selon le ministère de la Santé espagnol, 33 769 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués la semaine dernière, dont 2 127 pour la seule journée du 17 août. Des résultats supérieurs à ceux enregistrés par exemple en France, qui compte 20 millions d'habitants en plus et qui recense entre le 3 et 9 août seulement 11 633 nouveaux cas. Toutefois, l'Espagne est diversement touchée par la pandémie. Ainsi, près du tiers des nouvelles contaminations hebdomadaires du pays a eu lieu à Madrid, capitale de 6,6 millions d'habitants où vit 14% de la population espagnole, soit 10 379 cas. Le virus circule également en Catalogne qui enregistre 5 166 nouveaux cas chaque semaine, ainsi qu'en Aragon qui en compte 3 126.

Paradoxe espagnol

Ces mauvais chiffres lui valent d'être pointé du doigt par d'autres pays européens, comme le Royaume-Uni qui impose à tous ses ressortissants partis en Espagne une quarantaine, ou alors la France et l'Allemagne qui déconseillent de voyager dans certaines régions du pays en raison de la vive circulation du virus. Avec de plus en plus de diffusions non contrôlées, l’épidémiologiste en chef du ministère de la Santé espagnol, Fernando Simon, a assuré ce 10 août que la transmission “n’est pas parfaitement contrôlée mais s’atténue progressivement.”

Cependant, depuis la fin du confinement, ce sont les gouvernements régionaux et autonomes qui appliquent les mesures de santé publique. Selon El País, la quasi-totalité des gouvernements ont imposé le port obligatoire du masque en extérieur. Selon le journal hispanophone de référence, la Communauté de Madrid est l'une des dernières à l'avoir imposé fin juillet. La région-capitale a vu fin juillet ses contaminations bondir de 413%. Depuis, elle impose une fermeture des boîtes de nuit à 1h30 du matin et l'interdiction de tout rassemblement de plus de 10 personnes, contre 25 auparavant par exemple.

Des décisions pas forcément bien accueillies par une frange de la population qui manifeste régulièrement contre ces interdictions qu'elle juge disproportionnées au regard du nombre de personnes souffrantes. C'est bien là le paradoxe. Malgré ces chiffres mauvais, plaçant le pays au deuxième rang européen — derrière la Russie — en nombre de cas confirmés, l'Espagne n'enregistre que très peu de décès. La semaine dernière, 1 096 personnes ont été hospitalisées, 65 admises en réanimation et 63 sont décédées. Des chiffres comparables à ceux de début août en France, qui en une semaine a enregistré 782 nouvelles hospitalisations, 122 admissions en réanimation et 66 décès à l'hôpital ou en Ehpad. Comme en France, ces nouvelles contaminations sont avant tout le fait des moins de 40 ans, et en particulier des jeunes adultes. Le royaume ibérique comptabilise 28 670 décès, soit 61,3 décès pour 100 000 habitants, l'un des plus forts taux au monde derrière la Belgique (86,3), le Pérou (82) et le Royaume-Uni (61,4).