- L'exposition à la pollution atmosphérique, et notamment aux particules fines, augmente le risque de développer des maladies cardiaques, une résistance à l'insuline ou un diabète de type 2.
- Pour les chercheurs, ces changements sont associés à des modifications dans l’épigénome mais semblent réversibles.
Premier facteur de risque environnemental au monde, causant plus de 8,8 millions de décès prématurés par an, dont 800 000 en Europe, la pollution atmosphérique est un facteur aggravant des maladies cardiométaboliques.
C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans le Journal of Clinical Investigation. Selon ses auteurs, membres du Centre médical des hôpitaux universitaires de Cleveland (États-Unis), la pollution de l’air serait, au même titre que le manque d’exercice physique ou une mauvaise alimentation, un facteur de risque pour les maladies cardiométaboliques.
Les maladies cardiovasculaires (athérosclérose, infarctus, insuffisance cardiaque, hypertension, etc.), lorsqu'elles se développent chez un même patient, sont souvent associées à des maladies métaboliques, c'est-à-dire caractérisées par des perturbations du métabolisme, notamment des sucres (diabète) et des lipides (obésité, dyslipidémie). On parle donc de maladies ou de syndromes cardiométaboliques.
Une résistance à l’insuline
Pour étudier l’impact de la pollution de l’air sur la santé cardiométabolique, les chercheurs ont créé un environnement imitant une journée polluée à New Delhi ou à Pékin. Ils ont concentré des microparticules de pollution, appelées PM2,5 (c'est-à-dire dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns), et qui proviennent traditionnellement des voitures, de la production d’électricité et de la combustion de matières fossiles.
L’équipe de recherche a souhaité montrer que l'exposition à la pollution atmosphérique peut augmenter la probabilité des mêmes facteurs de risque qui conduisent aux maladies cardiaques, comme la résistance à l'insuline et le diabète de type 2. Pour cela, ils ont utilisé un modèle murin, divisé en trois groupes : un groupe témoins de souris recevant de l'air filtré propre, un groupe exposé à de l'air pollué pendant 24 semaines, et un groupe nourri avec un régime alimentaire riche en graisses.
Les chercheurs ont alors constaté que les deux groupes exposés à la pollution de l’air et à un régime riche en graisses ont tous deux montré une résistance à l'insuline et un métabolisme anormal, comme on peut le voir dans un état prédiabétique.
Des effets réversibles
Pour les auteurs de l’étude, ces changements sont associés à des modifications dans l’épigénome, c’est-à-dire l’ensemble des modifications génétiques des cellules, et qui semblent donc sensibles aux facteurs environnementaux.
"La bonne nouvelle est que ces effets étaient réversibles, du moins dans nos expériences, a déclaré le Dr Sanjay Rajagopalan, premier auteur des travaux. Une fois la pollution de l'air éliminée de l'environnement, les souris semblaient en meilleure santé et l'état prédiabétique semblait s'inverser."
Les prochaines étapes de cette recherche consistent à rencontrer un groupe d'experts, ainsi que les National Institutes of Health, pour discuter de la conduite d'essais cliniques comparant la santé cardiaque et le niveau de pollution de l'air dans l'environnement.