- Les stocks de gants font craindre une pénurie.
- Plusieurs hôpitaux sont en grève et réclament plus de moyens.
- Les fortes chaleurs couplées au coronavirus n'ont pas laissé de répit aux hôpitaux cet été.
La fin des vacances d’été et la reprise épidémique laissent craindre une reprise sportive pour le personnel soignant. “La normalisation a fait qu’on est revenu au monde d’avant en plus dégradé, résume Christophe Prudhomme, médecin à l'hôpital Avicennes de Bobigny et porte-parole de l’association des urgentistes de France, au Huff Post. Cet été a été difficile, nous avons eu cette forte période de chaleur qui a provoqué une petite augmentation d’activité. Or, toute augmentation met l’hôpital en tension car on est en permanence sur le fil du rasoir.”
Les stocks de gants en question
Les stocks de masques, de gants et de médicaments font craindre une pénurie au personnel soignant. “On sait qu’il y a des petits manques, amorce Anne Claire Rafleugeot, du collectif Inter-Urgences. On ne connaît pas les stocks de médicaments, mais on a des inquiétudes vu qu’on était très ricrac sur la fin de l’épidémie.” Si la première vague a fait état de manque important de masques, ce sont les gants qui sont cette fois susceptibles de manquer. “De nouvelles pénuries font jour, on est notamment en tension sur les gants, en grande partie parce que la matière première vient de Chine”, explique Christophe Prudhomme.
Une perspective de pénurie qui rappelle les mauvais souvenirs de la première vague. “Ce qui a été le plus dur lors de la première vague, c’est que nous n’avons pas seulement dû combattre l’épidémie, mais aussi le manque. Le manque de matériel, le manque de masques, le manque de tests…, soupire Thierry Amouroux du syndicat national des professionnels infirmiers. Si on est confronté à une deuxième vague aussi importante que la première on sera vite démuni. Et on n’a pas envie de se retrouver au bout de quelques jours à retravailler avec des sacs poubelles sur le dos.”
Tension et épuisement
Des hôpitaux ont déjà affiché leur ras-le-bol face à la perspective d’une rentrée sous haute tension. Sur les grilles de l’hôpital de Laval, une banderole affiche les maux des hôpitaux publics : “Hôpital sous tension, personnel épuisé, population en danger, mort du service hospitalier.” Depuis le 10 août, des infirmiers et aides-soignants du service chargé d’accueillir des malades du coronavirus sont en grève illimitée et réclament plus de moyens dans un département, la Mayenne, qui a franchi le seuil d’alerte épidémique cet été. À Saint-Brieuc, les médecins urgentistes se sont mis en grève jusqu’au 15 septembre.
La rentrée s’annonce délicate, d’autant qu’en plus du coronavirus les fortes chaleurs ont donné pas mal de travail aux hôpitaux. “La normalisation a fait qu’on est revenu au monde d’avant en plus dégradé, résume limpidement Christophe Prudhomme. Cet été a été difficile, nous avons eu cette forte période de chaleur qui a provoqué une petite augmentation d’activité. Or, toute augmentation met l’hôpital en tension car on est en permanence sur le fil du rasoir.” Le nombre de lits disponibles est inférieur au moins de janvier, ajoutant à la tension du personnel hospitalier. “L’état d’esprit général c’est l’épuisement et une baisse de motivation sachant qu’aujourd’hui l’hypothèse la plus probable est qu’il va falloir vivre avec ce virus pendant deux ou trois ans avec des périodes d’augmentation d’activité qui placeront l’hôpital en situation de crise”, conclut également Christophe Prudhomme.