- Priver quelqu'un de sommeil n'aide en rien à obtenir d'elle des aveux
- Une nouvelle étude montre même que la privation de sommeil entrave la divulgation d'informations
"Parlez Monsieur !" Dans nos cultures empreintes de films et de séries policières, l’image d’un inspecteur de police qui procède à un interrogatoire dans une pièce glaciale, employant toutes sortes de moyens de pression pour tirer des aveux à l’accusé assis de l’autre côté de la table, parle sans doute à beaucoup d'entre nous.
L’un de ces moyens de pression les plus connus est le manque de sommeil. Or, une étude expérimentale dont les résultats sont publiés dans la revue Sleep, suggère que la restriction de sommeil peut au contraire entraver la divulgation d'informations lors des interrogatoires criminels.
L'expérience a inclus la présence de 120 volontaires en bonne santé issus de milieu universitaire à qui on a demandé de restreindre (ou de maintenir) leur sommeil pendant deux jours.Ces personnes ont ensuite été interrogées à propos d'actes illégaux qu'elles ont admis avoir commis dans le passé. Les participants qui ont réduit leur sommeil ont dormi en moyenne 4,5 heures en moins, perdant ainsi environ une nuit de sommeil sur deux jours.
Moins de mémoire à cause du manque de sommeil
"Historiquement, le sommeil a été utilisé comme un outil pour contraindre à la divulgation ou aux aveux, alors que la privation de sommeil reste courante chez les sujets d'interrogatoire tels que les victimes ou les témoins. Cependant, il y avait peu de preuves scientifiques directes permettant de savoir si le sommeil améliore ou inhibe les révélations de renseignements lors des entretiens d'enquête", explique Zlatan Krizan, professeur de psychologie à l'Université d'État de l'Iowa (États-Unis) et auteur principal de l'étude.
Les résultats préliminaires montrent que même les participants légèrement limités en sommeil ont fourni environ 7% d'informations en moins lors de leur premier interrogatoire. Les personnes souffrant de troubles du sommeil ont également déclaré être moins motivées pour se rappeler des informations.
"Ces résultats ont des implications directes sur la science et la pratique des entretiens d'investigation et contredisent des hypothèses de longue date sur le rôle du sommeil dans la collecte de renseignements humains", concluent les auteurs des travaux.