Et si vous ne restiez plus seul face à votre acouphène ? C'est la solution que déploie la jeune pousse "Immersive therapy" depuis janvier 2019. À l'aide d'une application téléphonique, l'entreprise souhaite accompagner au quotidien les personnes souffrants d'acouphène chronique, des bruits entendus dans l'oreille alors qu'aucune source sonore extérieure n'existe. Selon l'Inserm, un adulte sur 10 souffre de ce trouble et 1 sur 100 d'une forme sévère. Rencontre avec Lilian Delavau, un des trois fondateurs de l'application Diapason, et ancien étudiant à Supélec - école d'ingénieur.
Pourquoi docteur : Pourquoi vous-êtes vous intéressés au domaine médical ?
Lilian Delavau : Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait plein de produits informatiques pour rendre plus accessible certains usages mais qu'il y en avait peu dans le domaine de la santé. Alors on s'est dit qu'il y avait des choses à faire notamment dans l'accessibilité aux soins chroniques. Les acouphènes ont été une évidence car les thérapies pour traiter cette gêne existent depuis longtemps et pourtant on constate encore trop souvent une errance médicale. Or ces méthodes tiennent dans un smartphone. C'est vraiment pour nous un cas d'école. Nous avons rencontré des médecins et des patients et là nous avons constaté qu'il y avait un fossé entre ce que la médecine pouvait proposer pour vivre mieux avec ce mal chronique l'accessibilité pour les patients. On a donc eu envie de faire le pont.
Vous voulez vous substituer à l'ORL ?
Pas du tout ! En France, les ORL sont les seuls praticiens qui peuvent diagnostiquer l'acouphène et essayer d'entre trouver la cause. Nous ne voulons pas les remplacer mais proposer un accompagnement au quotidien car un patient ne peut pas toujours avoir accès à un médecin dès qu'il en ressent le besoin.
Nous proposons gratuitement d'analyser et de mesurer l'acouphène. Puis nous proposons une thérapie d'un an minimum payante. Là, l'abonné pourra bénéficier d'une thérapie sonore - dont le masquage qui permet de réduire la perception de l'acouphène -, une rééducation ainsi que d'une aide cognitive pour ne plus subir son acouphène mais aussi un accompagnement à la relaxation et de l'information. Il est également possible d'avoir accès à des impulsions électroacoustiques, une thérapie est très utile lors de crise qui permet de créer des silences de plusieurs secondes de manière artificielle, cela peut vraiment soulager les personnes et les aider psychologiquement.
Travaillez-vous avec des médecins ?
Nous ne sommes pas médecins et nous n'inventons rien. Nous nous basons sur des études publiées en double aveugle randomisée. Nous sommes innovants dans le média et non dans la thérapie. Mes deux associés sont enseignants-chercheurs à Supélec et nous sollicitons régulièrement des ORL et médecins pour avoir leur retour sur notre produit. Nous souhaitons publier avant la fin de l'année une étude, en simple aveugle, que nous avons menée au CHU de Rennes sur 25 personnes pour démontrer que notre technologie de mesure de l'acouphène est aussi performant qu'une machine d'audiométrie classique. Nous avons été contactés par l'Institut Méditerranéen de Recherche et de Traitement des Acouphènes (IMERTA) pour démarrer une étude sur l'impact de notre thérapie sur une cohorte d'une douzaine de personnes durant un ou deux trimestres. Malheureusement ce projet a été repoussé en raison de la Covid-19, mais nous espérons le mener à bien en 2021. Si nous souhaitions réaliser une étude de plus grande ampleur pour donner une preuve scientifique, cela signifie arrêter l'entreprise et investir 200 000 euros, c'est impossible pour le moment. Encore une fois, nous nous basons sur les recherches publiées et 25 000 personnes utilisent notre application thérapeutique.
Aujourd'hui, nous cherchons à lever des fonds pour nous rendre davantage accessible en pharmacie, auprès des professionnels de santé et nous développer à l'international.