Presque un an après la catastrophe industrielle qui a assombri le ciel de Rouen (Seine-Maritime) et fait tousser les habitants aux alentours, Santé publique France lance une vaste enquête épidémiologique pour mesurer la santé et le ressenti des habitants concernés. Selon l'organisme publique, il s'agit d'une des études épidémiologiques du dispositif "Santé post incendie 76" pour mesure l'impact à moyen et long terme de cet incendie de l'usine Lubrizol. À l'époque, de nombreuses personnes se sont plaintes de maux de tête.
4 000 adultes et 1 200 enfants tirés au sort par l'Insee, et représentatifs de la population, pourront répondre à cette enquête nommée "une étude à l'écoute de votre santé". Leur point commun sera de vivre dans l'une des 122 communes de Seine-Maritime impacté par l'épais nuage de fumée toxique causée par cet incendie en septembre dernier. Pour les besoins de l'étude, 1 000 adultes et 250 enfants havrais - non-concernés par les fumées de l'incendie - répondront au même questionnaire afin de servir de "groupe témoin".
Mesurer la santé et la perception des habitants
Durant ce questionnaire, les habitants pourront donner "leur perception de l'incendie, de leur exposition aux nuisances et pollutions qu'elle a générées, sur les symptômes et problèmes de santé ayant pu être ressentis pendant l'accident et après ainsi que sur leur état de santé actuel" explique Santé publique France. "Cette étude est utile car elle permet de recueillir et analyser des informations sur les évènements de santé ressentis par les habitants eux-même au moment de l'accident et dans ses suites - symptômes, plaintes, perceptions - qui ne sont consignés dans aucune autre source disponibles d'information sanitaire" assure le Dr Pascal Empereur-Bissonnet conseiller scientifique à la Direction des région de Santé publique France. Cette étude doit être menée par Ipsos dès le 1er septembre. Les habitants sollicités par courrier pourront, s'ils le souhaitent, répondre en ligne ou par téléphone dans le respect de l'anonymat. Santé publique France espère que les premiers résultats "seront disponibles" fin 2020-début 2021.
Une démarche qui s'inscrit dans un processus de surveillance épidémiologique plus large. Santé publique France assure avoir déjà mené une surveillance épidémiologique dès le premier jour de l'incendie et durant un mois pour voir les effets à court terme. Là elle explique que trois autres études sont mis en place dans le département dont une pour suivre l'évolution de la fréquence de certains cancers et maladies chroniques, l'issue des grossesses ou le nombre et la cause de décès.
Le 26 septembre dernier, près de 10 000 tonnes de produits chimiques ont brûlé sur les site concomitant de "Lubrizol" et "Normandie Logistique" à Rouen. Un nuage de fumée s'est étalé sur 22 km de long. Aucun mort n'est à déploré mais les conséquences sanitaires demeurent floues. Une enquête judiciaire est en cours pour comprendre l'origine de cet incendie.