- Les troubles de la concentration conduisent les enfants à se rapprocher au plus près de leur feuille ou livre pour éviter la déconcentration.
- Cette position fatigue les muscles des yeux des enfants qui va perdre le plaisir de la lecture et prendre du retard dans son apprentissage.
- Franck Earith, ophtalmologiste, conseille de faire dépister les enfants avant le CP et tous les 3 ans ensuite.
Bien diagnostiquer les troubles oculaires des enfants est essentiel pour ne pas freiner leur apprentissage. “Il est fondamental de faire dépister les enfants avant leur entrée au CP”, estime Franck Earith, ophtalmologiste, à Pourquoi docteur. Pourtant, les problèmes de vue ne constituent pas l’unique frein lié à la vision dans l’apprentissage des enfants. “De nombreux parents m’amènent leurs enfants pensant qu’ils ont des problèmes de la vision alors qu’ils sont atteints de troubles de la concentration qui causent une fatigue oculaire pouvant conduire à des retards dans l’apprentissage”, précise Franck Earith. Cela concerne au moins 10% des enfants.”
Une fatigue induite par les efforts de convergence et d’accommodation
Les troubles de la concentration conduisent les enfants à se rapprocher au plus près de leur feuille ou de leur livre pour éviter la déconcentration. “De cette manière, ils diminuent leur champ visuel latéral et évitent ce quiu les distrait”, précise l’ophtalmologiste. Les enfants prennent ainsi une mauvaise habitude qu’il est difficile de changer. “Quand l’enfant adopte une position couchée sur sa feuille et qu’il doit se redresse pour regarder le tableau qui est plus loin, il se fatigue, poursuit-il. Les muscles de ses yeux sont tétanisés et il faut un peu de temps pour qu’ils se détendent.”
Pour passer d’une vue de près à une vue plus loin, notre œil pratique ce qu’on appelle l’accommodation. “La lentille de l’œil, le cristallin, agit comme une bague d’appareil photo avec des muscles qui modifient le rayon de sa courbure”, développe Franck Earith. À cela, s’ajoute la convergence : si mes yeux ne convergent pas sur un point de près, je vais voir en double et pour que le cerveau intègre les images de deux yeux, il faut une convergence. “Plus je vais regarder quelque chose de près, plus les efforts de convergence et d’accommodation sont importants et vont conduire à de la fatigue oculaire, voire des maux de tête”, conclut l'ophtamologiste.
L’importance de redresser l’enfant pendant sa lecture
La distance de lecture-écriture que va choisir l’enfant a des conséquences concrètes sur sa capacité d’apprentissage. “Bien que l’enfant n’ait pas de problème de vue, sa position va le fatiguer et cela va conduire à couper ses envies de lecture le soir”, insiste Franck Earith. Sans le plaisir de lecture, l’enfant va prendre du retard dans l’acquisition des fondamentaux que ce sont la lecture et l’écriture. “Les parents ne doivent pas attendre que leur enfant ait des maux de tête pour l'inciter à se redresser, insiste-t-il. C’est difficile car l’enfant n’a pas de problème de vue et ne se plaindra pas mais il faut le motiver à changer de position pour éviter de le fatiguer.”
L’autre problème pointé du doigt par l’ophtalmologiste est l’amblyopie. Ce trouble, qui affecte entre 2 et 5% de la population, est une différence d’acuité visuelle entre les deux yeux, la personne voit alors mieux d’un œil que de l’autre. “Ce problème oculaire est difficile à détecter pour les parents, concède Franck Earith. La maman va demander à l’enfant de lire un panneau en voiture, par exemple, et ce dernier va être capable de lui répondre sans se rendre compte qu’en fait il arrive à le lire avec un seul œil.” Selon lui, cela s’ajoute pour justifier la nécessité d’avoir des examens systématiques et réguliers chez l’ophtalmo “avant la rentrée en CP et tous les 3 ans, même s’il n’y a pas de problème apparent.”