- Une équipe de recherche américaine a séquencé plus de 18 000 échantillons de virus de la Covid-19 depuis décembre 2019 et en provenance de 84 pays différents.
- Le virus se serait rapidement stabilisé et présenterait peu de variations génétiques
- Cette faible diversité favorise la possibilité de produire un seul et unique vaccin
Est-il possible de trouver un vaccin contre la Covid-19 ? Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait émis des réserves au début août malgré une course effrénée entre laboratoires pharmaceutiques, l'Institut de recherche militaire biomédical américain Walter Reed (WRAIR) assure qu'il serait envisageable et qu'une seule sorte de vaccin serait suffisant pour soigner l'ensemble de la population mondiale. La raison de cet espoir ? L'étude publiée par cette institution dans la revue américaine Actes de l'Académie nationale des sciences des États-Unis le 31 août dernier qui fait le point sur le sujet très discuté des éventuelles mutations du virus depuis son apparition. Des mutations qui seraient très minimes d'où la possibilité de mettre au point un vaccin unique.
18 000 échantillons comparés
Dans cet article, les chercheurs expliquent avoir concentré leurs efforts sur l'analyse génétique de la protéine Spike, élément du virus lui permettant d'entrer dans les cellules de notre organisme. De nombreux candidats vaccins tentent d'endiguer la propagation de la Covid-19 en bloquant Spike. Ils ont ainsi comparé l'échantillon de base utilisé par la plupart des candidats vaccins avec 18 000 échantillons de ce virus prélevés depuis décembre dernier dans 84 pays différents. À travers des analyses phylogénétique - étude des relations de parenté -, génétique des populations - étude de la distribution et des changements de la fréquence des versions d'un gène - et bioinformatique structural - outils et méthodes qui permettent de prédire, caractériser, analyser les séquences et structures de macromolécules -, l'équipe de recherche a constaté une "diversité limitée".
Une opportunité pour développer un seul et unique vaccin, selon Morgane Rolland, cheffe du département de recherche de génétique virale au sein du programme VIH WRAIR. "La diversité virale a remis en question les efforts de développement de vaccins pour d'autres virus tels que le VIH, la grippe et la dengue, mais des échantillons mondiaux montrent que le SRAS-CoV-2 est moins diversifié que ces virus, déclare-t-elle. Nous pouvons donc être prudemment optimistes sur le fait que la diversité virale ne devrait pas être un obstacle au développement d'un vaccin largement protecteur contre l'infection COVID-19."
La propagation du virus plus rapide que son évolution ?
Comment expliquer cette "chance" ? Les scientifiques américains avancent l'hypothèse que le virus se propagerait plus vite qu'il n'évolue. Cependant, l'équipe de recherche a remarqué sans pouvoir l'expliquer que deux mutations génétiques liées sont survenues au début de la pandémie et se sont rapidement propagées. C'est notamment le cas de la mutation D614G sur Spike qui est désormais présente dans 69% des séquences. Les scientifiques remarquent pour la première fois cette mutation en Chine le 24 janvier ou elle disparait puis réapparait en mars. Cependant, ils observent une première trace de la D614G dans un échantillon allemand fin janvier et constatent que rapidement cette mutation de la Covid-19 devient dominante partout en Europe.
"Lorsque les virus se répliquent et se propagent dans la population, nous nous attendons à voir des mutations et certaines peuvent par hasard évoluer très rapidement durant l'épidémie, explique Morgane Rolland. Comme d'autres études, nous avons remarqué que la mutation D614G dans le Spike est rapidement devenue plus fréquente depuis le début de l'épidémie, mais nous ne pouvions pas lier cette mutation à des forces adaptatives spécifiques."
Les chercheurs se sont alors demandés s'il y avait un lien entre cette mutation et le système de défense immunitaire humain. Selon leur étude, le lien ne semble pas évident puisque la surface où est présente cette mutation n'est pas directement en contact avec les anticorps. Ils supputent une interaction croisée qui pourrait expliquer pourquoi la virus a été si meurtrier en Europe, cependant ils n'ont pas de preuves et les indices sont faible pour inculper cette mutation D614G. Des études complémentaires sont nécessaires pour répondre à cette question.