La course au vaccin ne connaît pas de temps mort. Attendu avec impatience pour endiguer la pandémie de coronavirus, le futur vaccin agite la recherche. Les groupes pharmaceutiques français et britanniques Sanofi et GSK ont annoncé ce jeudi 3 septembre le lancement de l’essai clinique de phase I/II de leur candidat vaccin contre la Covid-19. Il s’agit “d’une étape importante et un pas de plus vers le développement d’un vaccin potentiel pour nous aider à vaincre la Covid-19”, se félicite Thomas Triomphe, le vice-président exécutif de Sanofi.
La phase III espérée pour la fin de l’année
L’essai clinique de phase I/II marque le début des tests du candidat vaccin sur les humains après que les études précliniques ont révélé “un profil de sécurité et d’immunogénicité prometteur”, précise le communiqué. L’essai randomisé, qui sera réalisé en double aveugle avec un placebo, va être fait sur 440 adultes. Il vise à évaluer les profils de sécurité, de tolérance et de réponse immunitaire de ce candidat vaccin contre la Covid-19. “Le passage de ce candidat-vaccin en phase de développement clinique est une étape importante des efforts engagés pour lutter contre la pandémie à laquelle nous sommes confrontés”, avance Roger Connor, président de GSK Vaccines, dans le communiqué des deux entreprises.
Ce candidat-vaccin repose sur une technologie à base de protéine recombinante que Sanofi a employée pour produire un de ces vaccins contre la grippe saisonnière et sur un adjuvant développé par GSK. “Nous attendons avec impatience les données de cette étude qui, si elles sont positives, nous permettront de passer en phase III d’ici à la fin de l’année”, ajoute Roger Connor. Les premiers résultats devraient intervenir début décembre et seront suivis, s’ils sont positifs, d’un passage en phase III d’ici à la fin de l’année où le candidat-vaccin sera testé sur plusieurs dizaines de milliers de personnes.
La production débutera avant la fin des essais
Les chercheurs espèrent pouvoir présenter une demande d’homologation avant juillet prochain. Sans même attendre, les deux entreprises ont déjà augmenté leur capacité de production “pour pouvoir assurer la fabrication d’un milliard de doses en 2021.” L’objectif de Sanofi et GSK est de “mettre ce vaccin à la disposition de tous”, assurent-ils. “Les deux partenaires prévoient également de mettre une part significative de leur production totale 2021-2022 à la disposition de Covax”, un dispositif destiné à acheter et distribuer équitablement 2 milliards de doses en 2021. Covax a été initié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’organisation Gavi, l’Alliance du vaccin.
Le processus de fabrication sera enclenché avant les résultats définitifs des essais. “On va faire quelque chose d’assez exceptionnel – nous ne serons pas les seuls -, c’est que nous allons commencer à fabriquer dès le début de la phase III sans attendre les résultats de la phase III”, a dévoilé Serge Weinberg, président du conseil d’administration de Sanofi, à BFM Business. Avant d’ajouter que le candidat-vaccin, s’il se révèle efficace et sûr, est attendu pour “milieu 2021”. Ce candidat-vaccin intéresse d’ores-et-déjà de nombreux pays qui ont passé commande. Cela permet aux deux entreprises de partager le risque financier au cas où ce candidat-vaccin se révélerait inefficace. Le gouvernement britannique s’est positionné sur 60 millions de doses tandis que la Commission européenne en a réservé 300 millions et les États-Unis 100 millions avec une option sur 500 millions de doses à plus long terme.
Dans le monde, une course effrénée
Dans la course au vaccin, Sanofi et GSK ne sont pas en tête. Le candidat-vaccin américain, développé par le laboratoire Pfizer en partenariat avec la biotech Moderna, est lui déjà entré dans la phase III des essais cliniques, la dernière avant la commercialisation. Donald Trump espère qu’un vaccin sera prêt pour le 1er novembre et les États-Unis se prépareraient à un plan de vaccination à grande échelle pour cette date. Il en est de même pour celui des chercheurs britanniques d’Oxford, avec l’entreprise pharmaceutique AstraZeneca, qui espèrent obtenir les résultats à l’automne pour pouvoir proposer le vaccin d’ici à la fin de l’année. Le candidat-vaccin développé par le laboratoire chinois CanSino en est lui aussi à la phase III des essais cliniques qui sont réalisés au Brésil et en Indonésie. Par ailleurs, fin juillet, le gouvernement a annoncé à la télévision publique avoir déjà lancé une campagne de vaccination sur 20 000 personnes à risque.
D’autres candidats vaccins sont développés à travers le monde. Vladimir Poutine a annoncé le 11 août dernier que des chercheurs russes ont développé un vaccin qui devrait être produit en grande quantité pendant le mois de septembre. De nombreux scientifiques ont mis en garde contre cette annonce jugée trop anticipée. Sanofi, en plus du candidat-vaccin développé avec GSK, en prépare un autre à ARN messager en partenariat avec Translate Bio.