- Cette étude d'observation établit un lien entre l'utilisation de teintures permanentes et l'apparition du cancer du sein, du cancer de l'ovaire ou encore du carcinome basocellulaire.
Les teintures capillaires sont-elles vraiment sans danger pour notre santé ? Alors que chaque année, près de 315 millions de colorations pour cheveux sont vendues en France, une nouvelle étude pointe leur dangerosité. Publiée dans le British Medical Journal (BMJ), elle associe les colorations permanentes à un risque accru de développer certains cancers : le carcinome basocellulaire, qui est la forme la plus courante de cancer de la peau, le cancer de l’ovaire et le cancer du sein.
Les produits très concentrés en cause
Pour mieux comprendre le lien entre le risque de cancer et l’utilisation de colorations capillaires permanentes, les chercheurs ont passé en revue les données de 117 200 femmes de l’étude sur la santé des infirmières du Brigham and Women's Hospital de Boston (États-Unis). Il s’agit d’une vaste étude de cohorte prospective, qui comprend notamment des évaluations de l’exposition aux colorations capillaires.
Au début de l’étude, aucune des femmes n’avait de cancer. Elles ont été suivies pendant 36 ans. L’analyse des données a montré que l’utilisation de teintures permanentes pour cheveux est associée à un risque légèrement plus élevé de carcinome basocellulaire, en particulier chez les femmes ayant des cheveux naturellement clairs.
Utiliser des teintures accroît aussi le risque de développer trois types de cancer du sein (négatif pour les récepteurs d'œstrogènes, négatif pour les récepteurs de progestérone et négatif pour les récepteurs hormonaux), ainsi que le cancer des ovaires. Ce risque augmente en fonction de la quantité cumulative de colorant à laquelle les femmes sont exposées. Un risque accru de lymphome de Hodgkin a également été constaté avec l'utilisation de teintures permanentes, mais uniquement pour les femmes ayant des cheveux naturellement foncés. “Les explications possibles pourraient être que les nuances des teintures capillaires permanentes sont associées à la concentration des ingrédients, les couleurs foncées ayant des concentrations plus élevées”, avancent les auteurs.
Des limites à l'étude
Les auteurs rappellent qu’il s’agit d’une étude observationnelle : elle n’établit donc avec aucune certitude le lien de causalité entre les teintures capillaires permanentes et le risque de cancer.
L’étude comprend par ailleurs plusieurs limites, à commencer par le manque de diversité raciale parmi les participantes, ces dernières étant principalement des Américaines d’origine caucasienne.
De plus, les évaluations de l'exposition aux teintures capillaires ont cessé relativement tôt dans la période de suivi, de sorte que certaines femmes ont pu commencer, arrêter ou changer leur teinture capillaire après cette période, et que certains utilisateurs de teintures capillaires non permanentes ont pu se classer à tort comme utilisateurs de teintures capillaires permanentes.
Malgré ces biais, les chercheurs estiment que les conclusions de l’étude “offrent une certaine assurance contre les craintes que l'utilisation personnelle de teintures capillaires permanentes puisse être associée à un risque accru de cancer ou de mortalité”.
Il ne s’agit pas des premiers travaux à établir un lien entre coloration et cancer. En décembre 2019, une étude publiée l’International Journal of Cancer estimait que les femmes utilisant régulièrement des produits capillaires tels que les teintures et les défrisants étaient 9% plus susceptibles de développer un cancer du sein que les non-utilisatrices de ces produits.