Ce vendredi 4 septembre à la fin de la journée, Alain Cocq a annoncé vouloir se laisser mourir. Cet homme de 57 ans souffre d'une maladie orpheline sans nom. Il est la troisième personne au monde chez qui les parois de ses artères se collent, ce qui entraîne une ischémie, c'est-à-dire une diminution voire un arrêt de la circulation sanguine dans un tissu ou un organe. “En phase finale depuis trente-quatre ans”, grince-t-il, sa maladie dégénérative est douloureuse. Il n'a aucun espoir de guérison ou d'amélioration de sa santé.
Après une trentaine d'années de lutte contre cette dégénérescence qui a handicapé sa vie, Alain Cocq est cloué au lit depuis deux ans. Il est nourri par sonde, son intestin et sa vessie vidés dans des poches. “Je suis à un stade où je n'ai plus de vie, a-t-il déclaré à des journalistes de France 2. Je regarde le plafond comme un con. Non, ce n'est pas ma vie... et ce ne sont pas les médecins, les institutions etc. qui dicterons ma vie.”
Alain Cocq a demandé, le 20 juillet dernier, au Président de la République de “l'aider à partir en paix”. Il a notamment demandé à ce que des médecins soient autorisés à lui prescrire un sédatif puissant, qu'il aurait avalé lui-même afin de soulager les souffrances engendrées par cette maladie dégénérative. Sa demande a été refusée par écrit ce jeudi 3 septembre au motif que “le Président n'est pas au-dessus des lois”.
Militantisme
Alain Cocq ne peut pas bénéficier de la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie. Elle autorise une “sédation profonde et continue jusqu'au décès” mais uniquement si la personne est atteinte d'une maladie incurable et que son pronostic vital est engagé à court terme, ce qui n'est pas le cas ici. Membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), il a décidé de se laisser mourir en cessant de s'alimenter et en refusant les soins à l'exception des “soins de confort” comme la morphine.
Il n'entend pas mourir en silence et veut médiatiser son cas. Son but : “montrer aux Français ce qu'est l'agonie obligée par la loi Leonetti". Pour cela il a annoncé vouloir se filmer et diffuser ces images en direct sur les réseaux sociaux dès samedi matin. “Il y aura la vidéo sans le son, dès que je serai décédé l'image sera tournée, explique-t-il. Pour moi, il est hors de question de montrer des images trash, le moment où je m'éteindrai sera une délivrance, le combat continuera après moi." Un coup d'éclat qui pourrait bien être contrarié par Facebook. Ce réseau social peut censurer la vidéo en vertu de l'interdiction, dans son règlement interne, de partager “des images montrant la mort violente d'une ou de plusieurs personnes".