Abréviation de "dégénérescence maculaire liée à l’âge", la DMLA est une maladie de la rétine provoquée par le vieillissement progressif de la macula, la partie centrale de la rétine.
Touchant 12% des plus de 60 ans et près d’une personne sur quatre à partir de 75 ans, la DMLA est à ce jour la principale cause de la perte de vision chez les personnes âgées. Et elle reste, encore à ce jour, incurable dans sa forme la plus courante, la "DMLA sèche".
"Une partie de la lutte pour trouver une option de traitement est que nous n'avons pas été en mesure de modéliser réellement la progression de la maladie en culture cellulaire ou chez les animaux", explique Lindsay Bailey-Steinitz, étudiante en doctorat du département de biologie moléculaire, cellulaire et du développement de l’université de Santa Barbara (États-Unis).
Dans une étude publiée dans la revue PLOS One, la chercheuse et son équipe expliquent avoir mis au point une plateforme sur la DMLA. Son objectif est double : comprendre l’évolution cellulaire à mesure que la maladie progresse, et développer un modèle qui pourrait être utilisé pour tester des thérapies.
Une dégénérescence reproduite en laboratoire
La DMLA est causée par une dégénérescence de la macula, une zone au centre de la rétine où se situe notre vision la plus nette grâce aux cônes, des cellules photosensibles qui assurent à l’œil humain son acuité visuelle et lui permettent de voir en couleurs. "Ce sont les cellules qui sont impliquées dans la lecture, la reconnaissance des visages, la capacité à conduire, etc", détaille Pete Coffey, chercheur à l'Institut de recherche en neurosciences de l'UCSB et co-auteur de l’étude.
Juste derrière les cônes de la macula se trouve une couche d’épithélium pigmentaire rétinien (EPR). Ces cellules sont responsables du maintien de la santé de nos bâtonnets et cônes, les photorécepteurs de l'œil. Et ce sont elles qui cessent de fonctionner correctement dans la DMLA.
S’il existe des traitements pour la DMLA humide (quand les vaisseaux sanguins s’infiltrent dans la rétine), il n’existe aucun traitement pour la DMLA sèche, qui concerne 9 cas sur 10. Celle-ci implique une dégénérescence progressive de la macula simplement due à l'incapacité des cellules EPR à guérir.
Alors que les cellules EPR s'affaissent dans leurs efforts pour se réparer, un trou se développe dans cette couche de la rétine qui continue à s'étendre.
Les chercheurs ont d’abord cherché à recréer ce "trou" dans la macula en laboratoire. Ils ont cultivé des cellules EPR sur une plaque avec une électrode, puis elle les a supprimées : cela a créé un trou très similaire à celui qui apparaît dans la DMLA.
Mais, contrairement à une vraie DMLA, les cellules EPR – qui étaient de jeunes cellules – ont commencé à cicatriser et à réparer le trou laissé dans la rétine. Les chercheurs ont du soumettre les cellules à 10 impulsions d'électricité sur une période de 10 jours pour qu’elles ne soient plus capables de réparer efficacement les dommages.
L’espoir d’un banc d’essai thérapeutique
La deuxième étape a consisté à comprendre comment les cellules EPR ont réagi à ce stress. Les chercheurs ont donc séquencé leur ARN pour déterminer quelles protéines elles synthétisaient à l'état endommagé. Ils ont découvert que certains des gènes les plus importants impliqués dans la fonction des cellules EPR étaient supprimés, surtout si les cellules avaient été électrifiées à plusieurs reprises.
L'équipe a également constaté des changements dans l'expression des gènes qui correspondaient aux conditions observées dans la DMLA. De plus, la matrice qui fournit un soutien structurel et biochimique aux cellules EPR a également changé d'une manière qui ressemble à la pathologie de la maladie.
Maintenant qu’elle sait comment simuler une dégénérescence des cellules EPR, les chercheurs souhaitent progresse vers la simulation en laboratoire de trous plus grands dans la macula, d’environ 6 centimètres de diamètre. Ils prévoient également une expérience similaire avec des cellules plus anciennes, et qui guérissent donc moins vite. "Si nous pouvons améliorer ce dispositif, nous aurons alors un banc d'essai thérapeutique pour la DMLA", conclut le Pr Coffey.