- Les chercheurs ont désactivé un gène pour une durée déterminée grâce à la molécule CRISPR-Cas9.
- Cette technique permet de prévenir une réponse inflammatoire exagérée et des dommages tissulaires graves dans le contexte des maladies infectieuses émergentes.
Une étude pourrait bien révolutionner les thérapies géniques. Selon ses auteurs, dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Nature Cell Biology, la molécule CRISPR-Cas9 pourrait permettre de contrôler la réponse immunitaire d’une souris, lors d’une thérapie génique. Cette dernière est une approche thérapeutique qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules afin de soigner une maladie. Dans ce cas, CRISPR-Cas9 est utilisé, en théorie, pour corriger les gènes défaillants des sujets étudiés, ici des animaux. Il coupe et remplace des morceaux d’ADN de ces gènes pour qu’ils deviennent sains. Mais, bien souvent, le système immunitaire de la souris répond et empêche cette modification par CRISPR-Cas9. Ainsi, la thérapie génique ne fonctionne pas.
Désactiver le gène qui active la réponse immunitaire
L’outil de modification génétique CRISPR-Cas9 a été découvert en 2012 par deux chercheuses, la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna. Cette technique a obtenu de nombreux résultats positifs en laboratoire, mais se heurte encore à de grandes difficultés. “De nombreux essais cliniques échouent à cause de la réponse immunitaire contre la thérapie génique, explique Samira Kiani, co-autrice de l'étude, dans un communiqué. Ensuite vous ne pouvez pas réadministrer le médicament parce que les gens ont développé une immunité”.
C’est la raison pour laquelle les chercheurs de l'Université de Pittsburgh, aux États-Unis, ont testé une autre fonction de CRISPR-Cas9 : celle qui permet de désactiver un gène pour une durée déterminée. Ils ont ainsi modifié CRISPR-Cas9 pour qu’il se fixe sur MyD88, le gène qui active la réponse immunitaire de l’organisme. Une fois MyD88 désactivé chez les souris, les scientifiques leur ont administré la même thérapie génique. Cette fois, elle a mieux fonctionné puisque le système immunitaire des souris n’a pas produit d’anticorps pour l’en empêcher. Ainsi, les souris étaient plus réceptives au traitement.
Une technique porteuse d’espoirs
“La capacité de moduler la réponse immunitaire de l'hôte à l'aide de cette stratégie est une étape prometteuse vers la création d'un outil universel mais ciblé pour prévenir une réponse inflammatoire exagérée et des dommages tissulaires graves dans le contexte des maladies infectieuses émergentes”, estiment les auteurs de l’étude. Au cours d’une autre de leurs recherches sur des souris, ces mêmes scientifiques sont également parvenus à réguler une septicémie — ou infection entraînant une inflammation généralisée — chez ces animaux. Mais avant que Crispr-Cas9 soit utilisé en dehors du laboratoire, à visée thérapeutique par exemple, cet outil doit encore être amélioré et validé par des essais cliniques sur l’homme. Si ces étapes sont rapidement validées, CRISPR-Cas9 pourrait peut-être permettre de maîtriser certaines réponses inflammatoires exagérées de la Covid-19.