La quatorzaine devrait prochainement changer de nom pour les cas contacts. Le ministre de la santé Olivier Véran a concédé ce week-end avoir s’être renseigné sur la possibilité de diminuer l’isolement pour les personnes qui ont croisé un patient infecté et qui sont considérées comme des cas contacts. “J'ai demandé aux autorités scientifiques de me donner un avis pour réduire cette fameuse quatorzaine, qui est sans doute trop longue”, a-t-il révélé à BFM TV samedi 5 septembre.
Pas d'obligation
Le ministre de la santé plaide pour un isolement de sept jours. “Oui, il faut réduire la durée de l'isolement, confirme l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à Genève, au JDD. Les données montrent aujourd'hui que l'essentiel des contagions se fait dans la fenêtre des cinq premiers jours après les symptômes. Si on arrivait déjà à respecter ces cinq jours, on laisserait sans doute passer quelques personnes porteuses, mais semble-t‑il avec un faible pouvoir de contamination. Cinq voire sept jours, c'est un compromis pragmatique. Plus c'est court, plus c'est facile à observer, plus c'est efficace. On ne peut pas prétendre au risque zéro, mais la mesure serait mieux acceptée socialement.”
Il n’est par ailleurs pas prévu de la rendre obligatoire ou encore de procéder à des contrôles à domicile comme c’est le cas dans d’autres pays. Une absence d’obligation qui ont conduit de nombreuses personnes à ne pas respecter cette règle barrière, comme l’ont révélé les équipes de traçage de l'Assurance maladie comme celles des agences régionales de santé. Cet isolement reste l’une des mesures barrières les plus importantes pour lutter contre la propagation de coronavirus. Elle s’intègre dans la stratégie “tester-tracer-isoler”.
Sept nouveaux départements en zone rouge
Certains se déclarent opposé au raccourcissement de la durée d’isolement pour les cas contacts. William Dab, ancien directeur général de la santé, est de ceux-là, mettant en avant le principe de précaution. “Sept jours, ce ne serait pas prudent, estime-t-il au JDD. On baisserait la garde au moment où la circulation virale redevient très active. C'est un pari qui semble hasardeux. Mais si une telle décision était justifiée par des raisons économiques, parce qu'il faut trouver un juste équilibre entre le principe de précaution et la vie sociale, ça pourrait se comprendre. À condition que ce soit dit, débattu, expliqué.”
Olivier Véran a également alerté sur une augmentation prochaine des cas graves, “dans les 15 prochaines jours”, a-t-il précisé à BFM TV. Cette reprise de l’épidémie a conduit ce dimanche sept nouveaux départements à rejoindre les 21 autres qui sont classés en zone rouge de circulation du virus (la Corse-du-Sud, la Haute-Corse, la Côte-d'Or, le Nord, le Bas-Rhin, la Seine-Maritime et La Réunion). “Ce que je peux vous dire d'ores et déjà, c'est que l'hospitalisation et l'admission en réanimation n'est que le reflet de la situation épidémique d'il y a deux semaines et donc il est évident que dans les quinze prochains jours, il y a aura une augmentation, pas massive mais une augmentation quand même, du nombre de cas graves”, a ajouté le ministre de la santé.