“Dans les 15 prochains jours, il y aura une augmentation du nombre de cas graves d’hospitalisation”, a prédit Olivier Véran à BFM TV samedi 5 septembre. Une tendance qui s’observe déjà dans les Bouches-du-Rhône où sur les 70 lits en réanimation dédiés aux patients atteints par le coronavirus, 67 sont actuellement occupés, principalement à Marseille. “Sur 300 lits de réanimation dans les Bouches-du-Rhône, plus de 60 patients sont atteints du Covid-19. Leur nombre a doublé en une semaine”, révèle le Pr Laurent Papazian, chef de la réanimation de l'hôpital Nord à Marseille, à BFM TV. La bonne nouvelle pour ces patients est que la prise en charge s’est largement améliorée depuis l’arrivée du virus il y a six mois.
L’oxygénothérapie a remplacé la ventilation artificielle
Sans traitement révolutionnaire, la manière de soigner les patients atteints de la Covid-19 s’est largement améliorée depuis l’apparition des premiers cas. “Le risque d’être transféré en réanimation a été divisé par deux entre le début de la vague en mars et sa fin mi-avril, assure le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat et membre du Conseil scientifique, qui se fonde sur des données de modélisation non publiées, au Figaro. Le pronostic des patients s’est en général amélioré, et la mortalité a baissé grâce à une meilleure prise en charge.”
Parmi les éléments d’amélioration de la prise en charge, le recours à l’oxygénothérapie à haut débit pour traiter les détresses respiratoires aiguës apparaît essentiel. Grâce à un tuyau relié aux narines du patient, les médecins lui envoient “60 litres d’oxygène pure dans les poumons, si la dette en oxygène du patient est telle qu’il en a besoin, décrit à Franceinfo Jean-Damien Ricard, professeur en réanimation médico-chirurgicale à l’hôpital Louis Murier à Colombes. Et on arrive à manger, boire et parler.” Cette méthode est venue remplacer le recours à la ventilation artificielle, largement pratiquée au début de l’épidémie, qui consistait à endormir et intuber les patients sous respirateur artificiel. La méthode de l'oxygénothérapie est moins lourde et plus efficace puisqu’elle a permis de réduire la mortalité.
Les services hospitaliers prêts à réagir
Pour ce qui est des médicaments, la recherche a depuis avancé et les médecins savent mieux ce qu’il faut privilégier. Au-delà du débat qui a entraîné l'exclusion du recours à l’hydroxychloroquine, ce sont désormais les corticoïdes qui sont utilisés pour soigner les patients les plus gravement atteints. Plusieurs études, dont une récente publiée le 2 septembre dans le très sérieux JAMA, ont montré son efficacité dans la réduction de la mortalité. “Les études cliniques ont permis aujourd’hui d’établir avec une très grande certitude que la corticothérapie permet d’améliorer considérablement les chances de survie pour les personnes atteintes du Covid-19, poursuit le professeur Djillali Annane, qui travaille à l’hôpital Raymond Poincaré à Garches, à Franceinfo. Il y a 20% de réduction du risque de décès donc c’est spectaculaire. On utilise ça absolument de façon quotidienne.” Ces traitements sont d’ailleurs recommandés par l’OMS pour soigner les patients atteints d’une forme grave d’infection.
En plus de cette évolution des méthodes et des traitements, la survenue d’un nouveau rebond épidémique a été anticipé. “Notre système hospitalier est prêt à une nouvelle vague de patients”, a affirmé Jean Castex le 27 août dernier à l’occasion d’une conférence de presse sur la situation sanitaire dans le pays. Ce sont 12 000 lits en réanimation qui sont dédiés aux patients infectés de la Covid-19, soit “deux fois plus” que le nombre maximal de patients en avril dernier. Les stocks de médicaments sont eux aussi remplis afin d’être “en mesure d’en fournir à 29 000 malades”, a poursuivi le premier ministre. Enfin, les provisions d’équipements médicaux ont eux aussi été constitués. “Nous avons anticipé et sécurisé nos capacités de réponse, qu’il s’agisse de stocks de masques, de gants, de médicaments, de respirateurs”, a précisé Olicier Véran lors de la même conférence de presse.