- Une étude présentée au congrès international de la Société respiratoire européenne montre une amélioration de la condition pulmonaire et cardiaque des patients admis en soins intensifs suite à une infection à la Covid-19.
- Entre 6 et 12 semaines après leur sortie de l'hôpital, les lésions pulmonaires étaient réduites de 88 à 56%. Les symptômes persistants comme l'essoufflement et la toux ont aussi diminué.
Même pour les patients les plus gravement touchés par la Covid-19, les séquelles pulmonaires et cardiaques découlant de la maladie finissent par s’atténuer. C’est ce que met en lumière une étude menée par des chercheurs autrichiens et présentée au Congrès international de la Société respiratoire européenne.
En recrutant pour leurs travaux 86 patients admis aux soins intensifs entre le 29 avril et le 9 juin dans la région du Tyrol, en Autriche, les scientifiques ont pu constater que les symptômes persistants de la Covid-19 avaient tendance à s’atténuer et les lésions pulmonaires à se réduire 12 semaines après la sortie de l’hôpital.
Une diminution des lésions pulmonaires
Les patients ont été évalués à plusieurs reprises : à 6, 12 et 24 semaines après leur sortie de l’hôpital. Au cours de leur première visite, 56% des patients présentaient au moins un symptôme persistant, principalement un essoufflement et de la toux, et les CT-scan montraient encore des lésions pulmonaires chez 88% des patients.
Cependant, à la visite suivante, soit 12 semaines après leur sortie de l’hôpital, les symptômes s'étaient atténués pour 39% des patients et les lésions pulmonaires avaient été réduites à 56 %. En revanche, 13 patients (15%) toussaient toujours. Les résultats à 24 semaines n’ont pas encore été communiqués.
"La mauvaise nouvelle est que les gens présentent une déficience pulmonaire à la suite de la Covid-19 plusieurs semaines après leur sortie de l'hôpital. La bonne est que la déficience tend à s'améliorer avec le temps, ce qui suggère que les poumons ont un mécanisme pour se réparer", explique le Dr Sabina Sahanic, doctorante clinique à la clinique universitaire d'Innsbruck.
Les scanners réalisés à 6 et à 12 semaines ont montré que le score qui définit la gravité de l'ensemble des lésions pulmonaires est passé de huit points à quatre points. Les lésions dues à l'inflammation et à la présence de liquide dans les poumons se sont également améliorées : à 6 semaines, elles étaient présentes chez 88% des patients, contre 56% à 12 semaines.
Une amélioration de la fonction cardiaque
Les chercheurs ont aussi constaté une amélioration de la fonction diastolique du ventricule gauche du cœur : 6 semaines après leur sortie des soins intensifs, 48 patients (58,5%) présentaient en effet un dysfonctionnement du ventricule gauche du cœur au moment où il se détend et se dilate (diastole). Les indicateurs biologiques de dommages cardiaques, de caillots sanguins et d'inflammation étaient tous élevés. Au bout 12 semaines, ce dysfonctionnement a eu tendance à se résorber.
"Nous ne pensons pas que le dysfonctionnement diastolique du ventricule gauche soit spécifique à la Covid-19, mais plutôt un signe de la gravité de la maladie en général, estime le Dr Sahanic. Heureusement, dans la cohorte d'Innsbruck, nous n'avons observé aucun dysfonctionnement cardiaque grave associé à un coronavirus dans la phase post-aiguë. Le dysfonctionnement diastolique que nous avons observé avait également tendance à s'améliorer avec le temps."
L’importance d’une rééducation pulmonaire
Pour l’équipe de recherche, ces résultats montrent la nécessité de suivre les patients atteints d’une infection grave par la Covid-19, même après leur sortie des soins intensifs. "Savoir comment les patients ont été affectés à long terme par le coronavirus pourrait permettre de traiter les symptômes et les lésions pulmonaires beaucoup plus tôt et pourrait avoir un impact significatif sur les recommandations et conseils médicaux ultérieurs", insistent-ils.
Cette conclusion rejoint celle d’une autre étude, présentée au Congrès de la Société respiratoire européenne. Menée par une équipe de l’université de Grenoble, elle montre que les patients placés sous respirateurs avaient un meilleur rétablissement lorsqu’ils commençaient rapidement un programme de réadaptation pulmonaire après leur sortie des soins intensifs.
"Ces résultats suggèrent que les médecins devraient commencer la réadaptation le plus tôt possible, que les patients devraient essayer de passer le moins de temps possible à être inactifs et qu'ils devraient s'inscrire avec motivation au programme de réadaptation pulmonaire. Si leurs médecins le jugent sûr, les patients devraient commencer des exercices de physiothérapie alors qu'ils sont encore dans le service pulmonaire de l'hôpital", souligne Yara Al Chikhanie, doctorante à la clinique de réadaptation pulmonaire Dieulefit Santé et co-autrice des travaux. Selon elle, "plus la réadaptation commençait tôt et plus elle durait longtemps, plus l'amélioration des capacités de marche et de respiration des patients et leur gain musculaire étaient rapides et satisfaisants. Les patients qui ont commencé leur rééducation dans la semaine suivant l'arrêt de leur respirateur ont progressé plus rapidement que ceux qui ont été admis après deux semaines".