- Une étude ukrainienne dresse un lien entre inflammation de la thyroïde et troubles anxieux.
- Un résultat encourageant mais incomplet puisque de l'aveu même de la scientifique il faut étendre cette expérience en observant le rôle d'autres hormones pouvant également influencer les troubles anxieux.
Anxiété et inflammation de la thyroïde seraient-elles liées ? C'est le sens d'une étude ukrainienne présentée lors du e-congrès 2020 de la Société européenne d'endocrinologie. La docteure Juliya Onofriichuk, de l'hôpital clinique de la ville de Kiev (Ukraine), assure que les personnes souffrant d'anxiété peuvent également avoir une inflammation de leur glande thyroïde. Celle-ci peut être soulagée par un anti-inflammatoire non-stéroïdien, comme l'ibuprofène. Ces résultats suggèrent que la fonction thyroïdienne peut jouer un rôle important dans le développement des troubles anxieux et que l'inflammation thyroïdienne devrait être étudiée comme facteur sous-jacent des troubles psychiatriques.
Anxiété et crises de panique
Pour aboutir à cette conclusion, la Dr Juliya Onofriichuk a étudié la fonction thyroïdienne chez 56 adultes, âgés en moyenne d'une trentaine d'année. Sa cohorte mixte - 29 hommes et 27 femmes - souffre d'anxiété diagnostiquée et notamment de crises de panique. À l'échographie, les glandes thyroïdiennes des patients montre des signes d'inflammation sans que leurs fonctions ne soient affectées puisque les taux d'hormones thyroïdiennes étaient tous dans la plage normale, et même légèrement élevés. Autres signes de cette inflammation : des anticorps dirigés contre la thyroïde ont été repérés. Or après un traitement de 14 jours avec de l'ibuprofène et de la thyroxine - une des hormones produites par la thyroïde - a réduit l'inflammation thyroïdienne, normalisé les taux d'hormones thyroïdiennes et réduit leurs scores d'anxiété. "Ces résultats indiquent que le système endocrinien peut jouer un rôle important dans l'anxiété, explique la Dr Onofriichuk. Les médecins devraient également tenir compte de la glande thyroïde et du reste du système endocrinien, ainsi que du système nerveux, lors de l'examen des patients souffrant d'anxiété."
Une piste de nouveaux soins de l'anxiété
Il suffirait de soigner une inflammation de la thyroïde pour diminuer l'anxiété ? Pas si simple. Comme le reconnait l'auteure de cette étude, les hormones sexuelles et surrénales n'ont pas été prises en compte or celles-ci peuvent également grandement influencer l'anxiété. La Dr Juliya Onofriichuk envisage de mener des recherches supplémentaires en prenant en compte les niveaux d'hormones thyroïdiennes, sexuelles et surrénales (cortisol, progestérone, prolactine, œstrogène et testostérone) chez les patients souffrant de dysfonctionnements de la thyroïde et de troubles anxieux. Ainsi, mieux comprendre le rôle du système endocrinien dans le développement de l'anxiété pourrait conduire à une meilleure prise en charge des troubles anxieux.
Actuellement, près de 35% des 25-60 ans des pays développés souffrent d'un trouble anxieux. Il peut dégrader la qualité de vie et la capacité de travail et de socialisation. Or les médicaments anti-anxiété "n'ont pas toujours un effet durable" assure la Société européenne d'endocrinologie. Les examens actuels des troubles anxieux portent généralement sur le dysfonctionnement du système nerveux et ne prennent pas en compte le rôle du système endocrinien. La glande thyroïde produit les hormones thyroxine et triiodothyronine qui sont essentielles pour la régulation des fonctions cardiaque, musculaire et digestive, le développement du cerveau et l'entretien des os. L'inflammation auto-immune de la thyroïde se produit lorsque notre corps produit à tort des anticorps qui attaquent la glande et causent des dommages.