- Sur 100 hommes suivis après une ablation de la prostate par ultrasons, 73% n'ont pas connu d'échec du traitement ou de récidive du cancer.
- L'ablation par ultrasons améliore aussi la qualité de vie, en diminuant le risque de diminution de la fonction sexuelle et d'incontinence urinaire.
Avec 50 403 nouveaux cas en 2015 en France métropolitaine et 8 207 décès estimés en 2017, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.
Si les options thérapeutiques ont fait diminuer le taux de mortalité de 4% entre 2005 et 2009, ces dernières restent à ce jour lourdes pour les patients. Outre la surveillance active des tumeurs asymptomatiques et la radiothérapie externe, le principal traitement consiste aujourd’hui en une prostatectomie totale, c’est-à-dire l’ablation chirurgicale de la prostate et des tissus voisins. Une opération lourde, au cours de laquelle il n’est pas rare que les nerfs qui contrôlent l’érection et le sphincter urinaire soient touchés. En résultent alors une incontinence urinaire et des troubles de l’érection chez 95% des patients.
Si avec le temps, ces troublent s’atténuent, du moins partiellement, la récupération est souvent longue et nécessite des traitements spécifiques.
C’est pour cette raison que cette nouvelle étude, menée par l’université de Californie du Sud et publiée dans le Journal of Urology constitue un espoir pour les patients touchés par un cancer de la prostate.
Selon ses auteurs, l’ablation de la prostate par ultrasons focalisés de haute intensité (UFHI) serait en effet une alternative efficace à la chirurgie ou à la radiation, avec moins d’effets secondaires constatés et un temps de récupération réduit.
Peu d’échec du traitement
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 100 hommes aux États-Unis qui ont subi une procédure UFHI pour un cancer de la prostate entre 2015 et 2019. La procédure ambulatoire UFHI consiste en une ablation focale de la prostate. Elle utilise un faisceau d'ultrasons focalisé pour élever la température à l'intérieur de la prostate à environ 90 degrés Celsius afin de détruire des zones ciblées du tissu prostatique. La procédure dure environ deux heures et les patients sont souvent renvoyés chez eux le jour même.
Au cours du suivi, 91% des patients ayant subi une ablation d'UFHI ont réussi à éviter une ablation totale de la prostate et 73% n’ont pas connu d’échec du traitement avec une récidive du cancer, l’apparition de métastases ou la nécessité d’un traitement hormonal, d'une chimiothérapie, d'une chirurgie ou d'une radiothérapie supplémentaires.
Un faible risque de complication
Surtout, l’ablation par radiation contribue à préserver la qualité de vie des patients : chez les hommes ayant participé à l’étude, aucune diminution significative de la fonction sexuelle n’a été observée. Il n'y a pas eu non plus d'événements indésirables graves ni de complications majeures. Des difficultés à uriner et une infection des voies urinaires sont survenues chez une petite proportion de patients et ont été traitées sans intervention majeure. Les patients ont généralement pu regagner leur domicile le jour même de l’intervention et ont repris leurs activités régulières peu après.
"Ces données positives permettent aux urologues d'utiliser l'ablation focale par UFHI pour traiter efficacement le cancer de la prostate sans les effets secondaires intrinsèques des traitements radicaux, explique Andre Abreu, médecin, chirurgien urologue et premier auteur de l'étude. Nous espérons que cette étude encouragera les patients atteints d'un cancer de la prostate à parler à leur médecin de toutes les options de traitement possibles afin de s'assurer qu'ils reçoivent un plan de soins personnalisé qui répond à leurs besoins individuels."