La chute des températures approche et rend plus urgent un dépistage massif et surtout rapide de la population. Avec les 1 millions de tests réalisés par semaine en France, les centres de dépistage sont débordés - pour ne pas dire parfois saturés - de personnes, symptomatiques ou non, désirant savoir si elles sont contaminées. Pour éviter que cet afflux ne s'aggrave avec l'avancée de la saison fraiche, le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé ce mardi 8 septembre le déploiement de nouveaux tests de dépistage rapides. "Cette semaine, en Ile-de-France, nous devrions commencer à déployer des tests antigéniques, qui sont des tests rapides, on a 15, 20 minutes à attendre et on a le résultat, a-t-il détaillé au micro de France Inter. On devrait démarrer à partir de mercredi à l'AP-HP [Assistance publique hôpitaux de Paris, NDLR]".
Quelques minutes seulement pour poser une diagnostic ? C'est l'avantage de ces tests par rapport aux RT-PCR actuellement en vigueur et dont l'analyse dure 3 heures. Ces deux tests antigéniques nécessitent un prélèvement nasal par écouvillon. Cependant, si le test PCR détecte la présence ou non de l'ARN du virus, le test rapide détecte lui la présence ou non de protéines du virus. Une différence de taille. "Quand on fait une PCR, on amplifie le génome viral. Donc on peut le détecter dès qu'il y en a seulement un peu. Un test antigénique rapide passe par la détection de protéines du virus mais sans phase d'amplification, explique dans les colonnes du Parisien Yves Gaudin virologue à l'Institut de biologie intégrative de la cellule (I2BC) de Paris-Saclay. S'il y en a peu au départ, on va avoir un signal très faible et on risque de passer à côté de l'infection. Du coup, la proportion de faux négatifs risque d'être plus importante."
Fort risque de faux négatif
Quel est le taux d'erreur ? Selon le Parisien, l'AP HP aurait acheté 100 000 tests rapide à un groupe coréen. Le journal a également contacté un concurrent français qui estime que que le test antigénique qu'il a développé - et donc différent de celui proposé par les coréens - a 60% de la sensibilité du test PCR qui est aujourd'hui le test de référence. Pour l'heure, difficile de dire quel est le taux d'erreur des tests rapides commandés par l'AP HP. Mais ceci pourrait être un faux débat pour le Dr Jérôme Grosjean, responsable du laboratoire de biologie médicale au Centre hospitalier de Chambéry (Savoie). "Pour faire simple, [les tests antigéniques] fonctionnent comme des tests de grossesse et chacun peut le faire. En revanche vous descendez en sensibilité. Sur la grippe par exemple, ça donne une sensibilité comprise entre 50 et 84% au maximum. Ce qui veut dire qu'on rate entre 1 cas sur 2 et 2 cas sur 10. Ça commence à faire beaucoup et, à l'hôpital, on considère que ce n'est plus acceptable, assure-t-il auprès de Science et avenir. À la rigueur, si ces tests ne ratent que les faibles positifs, ce n'est pas grave, car on peut admettre que ceux-là sont peu voire pas contagieux. Mais dans les publications qu'on voit passer actuellement ils ratent aussi quelques fort positifs... Mais si certains parviennent à ne pas rater ces forts positifs, oui, on peut juger que c'est acceptable, car il y a peu de chance que les faibles positifs créent des clusters." En principe, plus une personne est contagieuse, plus elle exècre du virus sans sa salive. Le pari des autorités semble de proposer un test antigénique non pas pour savoir si la personne est contaminée ou non mais pour savoir si elle est contagieuse.
Augmenter les capacités de dépistage
Pourquoi avoir misé sur ce test moins fiable ? C'est qu'il coûte moins cher et ne nécessite aucun investissement supplémentaire. Après avoir récolté de la matière nasale, ces particules sont mélangées avec un réactif sur une bandelette ou dans un tube. Si une bande colorée apparaît, c'est que le résultat est positif. Ainsi ce test peut être déployé partout, et surtout en dehors des laboratoires d'analyses médicales. Une façon de faire des économies ? Le ministre de la santé s'en défend : "le déploiement de tests antigéniques ne peut venir qu'en complément de la politique de dépistage actuellement menée. Elle permettra d'augmenter les capacités de dépistage et d'améliorer la mise en place du contact tracing à l'échelle nationale."Selon le Parisien le ministère attendrait les résultats de ce déploiement en Île-de-France avant d'éventuellement le généraliser sur l'ensemble du territoire.