Chaque année, environ 2 500 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chez les enfants et les adolescents - 1 jeune sur 440 sera atteint d’un cancer avant l’âge de 15 ans. Avec 500 décès par an, les cancers sont la quatrième cause de décès entre 0 et 15 ans, et la deuxième cause de décès pour les plus de 1 an après les accidents.
Vaincre les séquelles à long terme et les cancers incurables
La survie des jeunes patients atteints s’est améliorée de manière très significative et dépasse aujourd’hui 80%, tous cancers confondus, contre 20% il y a plus de quinze ans. Néanmoins, "il existe des cancers pédiatriques encore incurables aujourd’hui, comme les tumeurs du tronc cérébral", précise le Professeur Gilles Vassal, pédiatre, oncologue, pharmacologue et professeur en cancérologie. "Deux enfants guéris sur trois vivent aussi avec des séquelles à long terme des traitements ou de la maladie", ajoute le spécialiste.
Améliorer les connaissances sur les mécanismes moléculaires responsables des cancers pédiatriques permettrait ainsi d’exclure ou de diminuer l’usage de thérapies trop nocives, et de réduire les effets indésirables et les séquelles à long terme.
Adapter les thérapies des adultes aux enfants
Avec 60 types de cancers différents, les cancers de l’enfant sont des maladies rares, et n’ont rien à voir avec ceux de l’adulte. "Les enfants ne boivent pas, ne fument pas, n'ont pas derrière eux des années de manque d'activité physique et de mauvaise alimentation… Ils ont donc des cancers différents de ceux des adultes. Chez l’enfant il y a par exemple des leucémies, des tumeurs cérébrales mais pas de cancer du sein, de cancer du colon ou de cancer de la prostate", explique Gilles Vassal.
Or, que ce soit pour les traitements anticancéreux ou les autres traitements des enfants, les médicaments proposés sont toujours issus du secteur adulte, non adaptés aux spécificités physiologiques des enfants. "Il y a des immunothérapies qui marchent chez l’adulte mais qui ne marchent pas chez l’enfant", précise Gilles Vassal. Ces dernières années, "150 nouveaux médicaments ont été autorisés chez l’adulte et seulement neuf chez l’enfant", déplore l’expert.
Il faut donc "maintenir les efforts et les amplifier pour développer des médicaments adaptés et testés aux traitements en oncopédiatrie" et "poursuivre les efforts de recherche fondamentale permettant de mieux comprendre les caractéristiques spécifiques des cancers pédiatriques", explique le Leem.
Identifier les causes environnementales potentielles
Si les facteurs favorisant le développement du cancer ont été clairement identifiés chez l’adulte (alcool, tabac, produits toxiques, virus, etc.), une cause est très rarement identifiée chez l’enfant. Un des enjeux est donc de développer les études épidémiologiques pour rechercher des facteurs de risque possibles. Concernant les fortes concentrations de cancers pédiatriques sur de petites zones géographiques, comme par exemple à Saint Rogatien, "on manque d’information. On a des suspicions, mais pas encore de preuves de l’impact environnemental", confirme Gilles Vassal.
Développer des programmes d’accompagnement globaux
Malgré les avancées thérapeutiques, le cancer reste une épreuve psychologique et existentielle à la fois pour les jeunes patients et leurs parents. Le développement de programmes d’accompagnement pour l’enfant et la famille est donc primordial. "Le mieux est de mettre en place une prise en charge globale (psychologique, éducative…), pour que le quotidien des enfants malades continue de ressembler le plus possible à la normale", juge Gilles Vassal.
Dans cette optique, la loi du 8 mars 2019 vise à renforcer la prise en charge des cancers pédiatriques (le texte prévoit notamment un soutien aux aidants familiaux ou encore le droit à l’oubli).
Mettre au point des traitement dits "ciblés"
Une des pistes prometteuses de recherche sur les cancers pédiatriques est la mise au point de traitement dits "ciblés". Le préalable à leur développement est le séquençage du génome des tumeurs.
Médiatiser les cancers de l’enfant
Avec l’opération de communication "Septembre en or", l’institut de recherches Gustave Roussy sensibilise aux cancers pédiatriques depuis 2012. "Il faut faire comprendre aux Français que c’est un problème de santé publique. Il faut guérir plus d’enfants et les guérir mieux, s’attaquer aux inégalités et intensifier la recherche", conclut Gilles Vassal.
Pour que tous les enfants puissent avoir la possibilité de réaliser leur rêve un jour, sans cancer, l’Institut invite chacun à partager ses rêves d’enfant avec le hashtag #A7ans et à soutenir les chercheurs de l’Institut pour progresser plus vite contre les cancers de l’enfant. Fin septembre, l’Institut relaiera sur ses réseaux sociaux des témoignages de patients, de professionnels et de personnalités qui racontent leurs rêves lorsqu'ils avaient 7 ans.
Sujet réalisé à partir du dossier du LEEM "100 questions sur le médicament"
Retrouvez ci-dessous la fiche du LEEM sur le thème "Les cancers des enfants sont-ils mieux pris en charge ?"