- Les données du candidat-vaccin vont être examinées par un comité indépendant pour comprendre ce qui a pu provoquer une mauvaise réaction chez l’un des 30 000 volontaires qui participent à la phase 3 des essais cliniques.
- Il s'agit d'un principe de précaution qui ne remet pas en cause le candidat-vaccin.
C’est un coup d’arrêt pour l’un des leaders dans la course mondial au vaccin contre la Covid-19. L’université britannique d’Oxford, en partenariat avec le groupe pharmaceutique anglo-suédois Astrazeneca, vient d’annoncer la suspension de l’essai clinique de phase 3 après une mauvaise réaction de l’un des volontaires. “Nous avons déclenché une pause dans la vaccination dans le cadre de notre processus pour permettre l’examen des données de sécurité, a annoncé un porte-parole d’AstraZeneca au Financial Times. Il s’agit d’un contrôle de routine qui doit se produire chaque fois qu’il existe une affection potentiellement inexpliquée dans l’un des essais, afin de garantir le maintien de l’intégrité de nos essais.”
Selon le New York Times qui cite une source souhaitant rester anonyme, la victime de cette réaction au vaccin serait un britannique qui aurait développé une myélite transverse, syndrome inflammatoire de la moelle épinière souvent déclenché p une infection virale.
Développer un vaccin, un parcours compliqué
Cette pause dans les essais cliniques relève du principe de précaution. “Les essais sont souvent suspendus temporairement lorsqu'un effet indésirable se manifeste chez un patient, pour que les chercheurs puissent informer les sites où des essais sont également menés, a rappelé David Lo, professeur à l'université de California Riverside, à l’AFP. Sans doute que pour le moment il s'agit juste d'être prudent – c'est une pause, ce n'est pas la même chose que de dire ‘nous ne pouvons pas avancer’”. D’autres effets indésirables ont auparavant été signalés, “comme de la fièvre, des douleurs (…) donc cela pourrait être quelque chose de plus grave”, a-t-il ajouté.
Les données du candidat-vaccin vont être examinées par un comité indépendant pour comprendre ce qui a pu provoquer une mauvaise réaction chez l’un des 30 000 volontaires qui participent à la phase 3 des essais cliniques. Cette pause montre que malgré la course effrénée dans laquelle sont lancés les laboratoires mondiaux, rien n’est acquis et que développer un vaccin n’est pas chose aisée. Cette annonce intervient peu après que les patrons de neuf groupes pharmaceutiques, dont AstraZeneca, aient mis en garde contre une autorisation précipitée d’un vaccin à travers un communiqué commun publié le 8 septembre. Ils en ont profité pour réaffirmer leur “engagement à développer et à tester des vaccins potentiels contre le Covid-19 avec des normes éthiques élevées et de principes scientifiques solides” et d’ajouter qu’ils ne demanderont “une autorisation d’utilisation d’urgence d’un vaccin qu’après avoir démontré son innocuité et son efficacité via une étude clinique de phase 3”.
Attention à l’emballement politique
AstraZeneca et Oxford ont déjà pré-vendu des centaines de millions de doses du candidat-vaccin, plus que tous les autres groupes pharmaceutiques qui développent un vaccin. Ils présentaient l’un des plus grands espoirs du président américain Donald Trump d’entamer une campagne de vaccination avant les élections américaines qui ont lieu le 4 novembre prochain. À travers leur communiqué, les neuf grands groupes pharmaceutiques (AstraZeneca, BioNTech, GlaxoSmithKline, Johnson & Johnson, Merck, Moderna, Novavax, Pfizer et Sanofi) l’ont indirectement visé pour calmer le jeu politique et rappeler que l’intérêt sanitaire et sécuritaire doit primer dans la mise en place d’un vaccin.