- L’acétaminophène semble rendre les gens moins émotifs lorsqu'ils envisagent des activités à risque.
- Des recherches antérieures menées par ce chercheur et ses collèges ont montré que l'acétaminophène réduit les émotions positives et négatives.
Vous avez peur de faire le grand saut, en parachute ou à l’élastique ? La solution est simple selon des chercheurs américains des universités d’Ohio State et d’Oregon : il suffit de prendre du paracetamol ! Cette recherche prolonge une série d'études menées par Baldwin Way, auteur principal de la nouvelle étude, qui ont montré que cet analgésique a des effets psychologiques peu connus. Les résultats de la dernière étude ont été publiés le 30 juillet dans la revue Social Cognitive and Affective Neuroscience.
Plus apte à prendre des risques
L’utilisation du paracetamol (aussi appelé acétaminophène) a conduit les participants à l’étude à prendre plus de risques que ceux qui ont pris un placebo. “L’acétaminophène semble rendre les gens moins émotifs lorsqu'ils envisagent des activités à risque - ils ne se sentent tout simplement pas aussi effrayés”, a constaté Baldwin Way. Des recherches antérieures menées par ce chercheur et ses collèges ont montré que cet analgésique réduit les émotions positives et négatives, y compris les sentiments blessés, la détresse face à la souffrance d'autrui et même sa propre joie. “Avec près de 25% de la population américaine prenant de l'acétaminophène chaque semaine, une réduction des perceptions du risque et une prise de risque accrue pourraient avoir des effets importants sur la société”, estime le chercheur.
Pour cette étude, les chercheurs ont étudié les réactions de 189 étudiants qui ont pris 1 000 mg de paracetamol, soit la dose recommandée pour un mal de tête, ou un placebo. Après avoir attendu que le médicament prenne effet, les participants ont évalué sur une échelle de 1 à 7 le degré de risque de diverses activités. Les résultats ont montré que les personnes sous l'influence du paracetamol ont jugé les activités comme le saut à l'élastique, marcher seul à la maison la nuit dans un quartier dangereux, entamer une nouvelle carrière au milieu de la trentaine et prendre un cours de parachutisme comme moins risqué que ceux qui ont pris le placebo.
Une étude révélatrice
Les effets du paracetamol sur la prise de risque ont également été testés dans trois études expérimentales distinctes. À travers ces études, 545 étudiants ont participé à une tâche, élaborée en 2002, et souvent utilisée par les chercheurs pour mesurer les comportements à risque. D'autres chercheurs ont montré que prendre plus de risques dans cette tâche permet de prévoir des comportements à risque, notamment consommer de l’alcool et des drogues, conduire sans ceinture ou encore voler.
Cette tâche consiste à appuyer sur un bouton d’ordinateur pour gonfler un ballon sur l’écran d'ordinateur. Chaque fois qu'ils le gonflent, ils reçoivent de l'argent virtuel. Ils peuvent s'arrêter à tout moment et ajouter l'argent à leur banque et passer au ballon suivant. “Au fur et à mesure que vous pompez le ballon, il devient de plus en plus gros sur votre écran d'ordinateur, et vous gagnez plus d'argent avec chaque pompe”, a précisé Baldwin Way. Mais à mesure que le ballon grossit, il faut prendre une décision : dois-je continuer à pomper et voir si je peux gagner plus d'argent, sachant que si ça éclat je perds l'argent que j'avais gagné ?”
Les résultats ont montré que les volontaires qui ont pris du paracétamol ont été plus enclins à continuer à pomper, quitte à aller jusqu’à faire éclater le ballon. “Si vous avez une aversion pour le risque, vous pouvez pomper plusieurs fois, puis décider d'encaisser parce que vous ne voulez pas que le ballon éclate et perde votre argent, constate le chercheur. Mais pour ceux qui prennent de l'acétaminophène, à mesure que le ballon grossit, nous pensons qu'ils ressentent moins d'anxiété et moins d'émotions négatives quant à la taille du ballon et à la possibilité qu'il éclate.”