L’hiver approchant, une autre épidémie va se conjuguer à la Covid-19 : la grippe. Le problème de la distinction des deux maladies va se poser puisque ses symptômes se rapprochent de ceux du coronavirus avec fièvre, toux ou encore nez pris. Pour anticiper cette possible confusion qui pourrait compliquer la prise en charge des patients, l’Académie de médecine a réclamé, dans un communiqué en date du 13 mai dernier, de “rendre obligatoire la vaccination antigrippale pour tous les soignants et les personnels sociaux en contact avec les personnes vulnérables, en particulier dans les EHPAD, les institutions, les hôpitaux et les crèches.”
Un professionnel de santé sur 3 vacciné en 2019
Pour le reste de la population, l’idée d’une vaccination plus importante que d’habitude est également évoquée. Elle est notamment partagée par la Haute Autorité de Santé (HAS) qui va, selon Le Monde, lancer mi-octobre une campagne pour encourager, plus que d’habitude, les Français à se faire vacciner contre la grippe. Cela permettrait aux services hospitaliers, déjà saturés par endroit par la prise en charge de patients atteints de la Covid-19. “La grippe se situe exactement sur le même terrain que le Covid. C’est pourquoi il faut inciter les populations qui doivent normalement être vaccinées, à se faire vacciner, affirme Brigitte Autran, chercheuse au Centre d’Immunologie et de Maladies Infectieuses (CNRS/Sorbonne Université/ Inserm) et membre du comité des vaccinations au ministère de la Santé, au HuffPost. Ces populations, ce sont les personnels de santé, les sujets âgés, ainsi que toutes les personnes dites à risque.”
L’an dernier, seulement un professionnel de santé sur trois s’est fait vacciner contre la grippe. Dans le détail, ce sont deux tiers des médecins, la moitié des sages-femmes, mais seulement un tiers des infirmiers et à peine un aide-soignant sur cinq qui ont reçu l’injection. L’avis de l’Académie de médecine de rendre la vaccination obligatoire pour ces personnes est partagé par le professeur de virologie au CHU de Caen Astrid Vabret. “C’est un facteur qui peut faire en sorte qu'on ait moins de patients et de soignants malades. Tout est bon à prendre pour protéger les autres et notre système de santé, pour cette période qui risque d'être difficile”, a-t-il déclaré à Franceinfo.
Le problème de l’efficacité du vaccin contre la grippe
Certains estiment qu’il faut aller encore plus loin et étendre la vaccination au-delà du personnel soignant. “Clairement, si un patient présente des symptômes qui sont communs aux deux pathologies, mais que son carnet de santé indique qu’il s’est fait vacciner contre la grippe, les doutes et hésitations entre la Covid et la grippe seraient considérablement réduits”, avance Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), à Capital. L’hiver arrivant, la vaccination du “plus grand nombre de Français” faciliterait le travail du personnel hospitalier.
Le vaccin contre la grippe ne permet pas une protection parfaite. “Il n’existe à ce jour aucune preuve de l’efficacité du vaccin contre la grippe s’il était fait sur toute une population, et donc aucune raison valable d’inciter à une vaccination de masse, annonce Brigitte Autran. Dans son immense majorité, la grippe n’est pas grave chez l’enfant et l’adulte relativement jeune. À moins d’avoir des facteurs de risque, elle ne présente pas de caractère de gravité les menant à l’hôpital. Le risque de développer une grippe menant en réanimation est faible à 30 ans si l’on n’a pas de facteurs de risques. S’il n’y a pas de recommandation publique dans ce cas, il reste possible de se faire vacciner.”