Le régime méditerranéen aurait-il parmi ses nombreuses vertus celle de réduire l'apparition de la polyarthrite rhumatoïde chez les fumeuses ? C'est la surprenante observation qu'a fait une équipe de recherche française. Dans leur étude publiée le 9 septembre dernier dans la revue américaine en ligne "Arthritis & rheumatology", ces scientifiques ont comparé la survenue de cette maladie parmi une cohorte en fonction de l'adhérence au régime méditerranéen mais aussi à la consommation de tabac. "On pense que les facteurs environnementaux et génétiques interagissent dans sa pathogenèse en déclenchant auto-immunité, écrivent les auteurs. À ce jour, seul le tabagisme a été signalé de manière reproductible comme un facteur de risque, en particulier chez les patients génétiquement prédisposés."
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique auto-immune qui provoque la déformation, voir la destruction, des articulations. 70% des personnes qui en souffrent sont des femmes. Le régime méditerranéen est riche en huile d'olive, en céréales, en fruits et légumes, en poisson et en une quantité modérée de produits laitiers, de viande et de vin.
Sur l'ensemble de la cohorte de 62 629 femmes, 480 cas de polyarthrite rhumatoïde sont apparus. En fonction des réponses aux questionnaires de vie - notamment sur le régime alimentaire et la consommation de cigarette -, les chercheurs estiment que le risque de développer une polyarthrite rhumatoïde soir de 51/100 000 chez les fumeuses avec une faible adhérence au régime méditerranéen, contre 40/100 000 chez les fumeuses avec une adhésion moyenne à ce régime, qui est de 38/100 000 pour celles adoptant largement cette façon de manger. Un chiffre qui se rapproche au risque des non-fumeuses établit entre 36 et 35 cas pour 100 000 personnes. Ces résultats suggèrent que le régime méditerranéen peut prévenir le risque d'apparition de polyarthrite rhumatoïde chez les fumeurs et les anciens fumeurs.
Régime méditerranée annule les méfaits du tabac
Cette conclusion conforte une intuition des chercheurs. D'anciennes études ont déjà remarqué que l'apparition de polyarthrite rhumatoïde correspond à une géographie. Ainsi cette maladie se déclare moins dans les pays du sud de l'Europe qu'au Nord "selon un gradient décroissant nord-sud". Ce régime méditerranéen vanté pour ses mérites en terme de diminution de la mortalité globale et de ses bienfaits sur le système cardiovasculaire en particulier, serait-il la clef ? "Bien que ce régime soit riche en de nombreux composants bioactifs, en particulier les antioxydants et les acides gras n-3, un effet bénéfique potentiel sur les maladies auto-immunes, en particulier la polyarthrite rhumatoïde (PR), ont été jusqu'à présent peu étudiées" expliquent les chercheurs.
Cependant, ils ne franchissent pas le pas et ne pensent pas que le régime en lui-même puisse prévenir du risque de développer cette maladie. Ils estiment plutôt qu'il diminue les dommages causés par la consommation de cigarettes. Durant leur étude, ils ont cependant noté que la consommation quotidienne moyenne de poisson - c'est-à-dire entre 9 et 25 grammes - pouvait "être associée avec une diminution du risque de polyarthrite rhumatoïde par rapport à une faible consommation" - en-dessous de 9 grammes -, attestent-ils. Cependant ils ne savent pas si une forte consommation de poisson - plus de 25 grammes par jour - pourrait également avoir un effet bénéfique faute de données suffisantes.