Classé parmi les métaux lourds toxiques pour l’organisme et pour l’environnement, le cadmium a longtemps été utilisé dans la composition de nombreux alliages avec d’autres métaux, pour la fabrication d’écrans de télévision ou encore celle de piles.
Si son utilisation est aujourd’hui encadrée et limitée dans l’Union européenne, le cadmium est toujours présent dans le tabac. Des études ont ainsi montré qu’il pouvait pénétrer dans l’organisme par le biais du tabagisme ou du tabagisme passif.
Selon de nouveaux travaux présentés au Congrès international de la Société respiratoire européenne par la professeure Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche l’Inserm et chef du département d'épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires de l'Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique, le cadmium aurait des effets sur la santé des enfants lorsqu’ils y sont exposés dans l’utérus.
Un risque d'allergies alimentaires supérieur de 44%
L'étude a porté sur 706 femmes et leurs bébés qui étaient soignés dans les maternités de Nancy et de Poitier. Les chercheurs ont mesuré les quantités de trois métaux lourds différents – le cadmium, le manganèse et le plomb - dans le sang des femmes pendant leur grossesse et dans le sang prélevé sur le cordon ombilical de leurs bébés après l'accouchement.
Les enfants ont été suivis jusqu'à l'âge de huit ans afin de savoir s’ils développaient de l'asthme, une rhinite allergique, de l'eczéma ou des allergies alimentaires. Les antécédents familiaux ou le tabagisme des parents ont été pris en compte.
Résultat : une moyenne de 0,8 microgramme de cadmium par litre (μg/L) dans le sang des mères et de 0,5 μg/L dans le sang du cordon a été trouvée dans le cordon. Selon les chercheurs, des niveaux de cadmium supérieurs à 0,7 μg/L retrouvés dans le cordon ombilical sont liés à une augmentation d’environ 24% d’asthme par rapport à des niveaux plus faibles, et à une augmentation probable du risque d'allergies alimentaires d'environ 44%.
Des niveaux plus élevés de manganèse dans le sang des mères (supérieurs à 1,1μg/L) sont liés à une possible augmentation du risque d'eczéma, par rapport à des niveaux plus faibles (inférieurs à 0,5 μg/L). L'eczéma est par ailleurs un facteur de risque connu pour le développement de l'asthme.
Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que "nous savons grâce à des recherches antérieures que différents types de métaux lourds peuvent affecter différents organes du corps", ajoute la Pr Annesi-Maesano.
Reste désormais aux chercheurs à comprendre les causes de l’augmentation du risque d’asthme et d’allergie. "Notre étude ne nous dit pas pourquoi cela pourrait être le cas, mais il se pourrait que le cadmium interfère avec le développement du système immunitaire des bébés et nous pensons que cela peut avoir un impact sur leurs réactions allergiques pendant l'enfance, explique l’autrice principale des travaux. Nous avons besoin de plus de recherches pour confirmer ces résultats et pour mieux comprendre les liens entre l'exposition aux métaux lourds dans l'utérus et la santé des enfants à long terme."
Dans l’attente des résultats de ces recherches complémentaires, les chercheurs plaident en faveur d'un contrôle strict de l'utilisation et de l'élimination du cadmium dans les produits qui en contiennent encore, comme les piles alcalines.