Souvent chroniques, douloureuses et invalidantes, les migraines touchent 7 à 8 millions de personnes en France, soit environ 12% de la population adulte et 5 à 10% des enfants. Alors que se déroule ce samedi 12 septembre la Journée Européenne d’action contre la Migraine, l’association La Voix des Migraineux a réalisé un sondage sur les répercussions socio-économiques, psychologiques et familiales de ces migraines chroniques.
Qu’est-ce qu’une migraine ?
La migraine est une maladie neurologique qui se caractérise par des crises répétées de maux de tête souvent intenses, associées à d’autres symptômes comme les nausées, une intolérance à la lumière et/ou au bruit mais aussi une incapacité à se concentrer ou à réfléchir. Le moindre mouvement aggrave la douleur et les nausées ce qui oblige bon nombre de malades à s’isoler dans le noir et sans bruit dans l’espoir que les crises s’apaisent, ces dernières pouvant durer jusqu’à 72 heures. La migraine est considérée comme invalidante à partir de 4 jours de crise par mois.
La Voix des Migraineux a interrogé 860 patients souffrant de migraine chronique entre janvier et mars 2020 : 70% subissent plus de 4 jours de crise par mois et 25% d’entre eux ont répondu supporter 15 jours ou plus de migraine par mois.
Une vie sociale et professionnelle compliquée
Ces longues et douloureuses crises ont un impact fort sur la vie de celles et ceux qui les subissent, à commencer par leur bien-être mental. Ainsi, 45% des répondants déclarent que la migraine gâche presque toute leur vie. 14,5% des patients sont soignés pour dépression et 15%avouent avoir plus d’une fois songé à se suicider à cause de la migraine. C’est trois fois plus que la moyenne nationale.
Les migraines sont aussi un frein à la vie sociale et professionnelle. Parmi les patients exerçant une activité professionnelle, 51 % ont été contraints de s’absenter à cause de la maladie les 3 derniers mois. Pire : 13,5% des déclarants ne peuvent plus travailler à cause de la migraine.
L’impact économique causé par la migraine est donc considérable. Pour les patients en premier lieu, dont une grande partie subit des pertes de salaire régulière en raison du jour de carence pratiqué par l’Assurance maladie. D’autres en incapacité de travailler ne peuvent pas gagner du tout leur vie.
Une vie familiale en pointillés
La vie familiale des migraineux est aussi durement impactée. Pour 70% des répondants, la préparation des repas est un calvaire lorsque survient une crise. Il en est de même pour d’autres tâches quotidiennes telles que l’entretien de la maison (90% des sondés) ou les courses (80%).
Un malade sur quatre déclare ainsi ne pas du tout réussir à assumer les tâches du quotidien tandis qu’un malade sur deux renonce régulièrement aux fêtes ou sorties familiales à cause de la maladie.
Côté couple, si 55% des conjoints se montrent compréhensifs, 41% ont du mal à accepter la maladie. 35% des patients avouent que cela a aussi un impact négatif sur leur sexualité.
Reconnaître le caractère invalidant de la migraine
Pour Sabine Debremaeker, Présidente de l’association La Voix des Migraineux, "il est urgent que cette maladie soit mieux reconnue de manière à ce que soit proposé un parcours de soins adapté" aux personnes qui en souffrent, ainsi qu’une "meilleure prise en charge côté traitements". L’association milite aussi pour que les personnes sujettes à des crises migraineuses régulières et dont la vie professionnelle et sociale est altérée, puissent bénéficier d’un statut de personne handicapé. "Ce statut leur permettrait de bénéficier d’aides qui les soulageraient dans leur vie quotidienne. Or, aujourd’hui, seuls, 5,5% des patients sont reconnus handicapés, et 2,4% invalides. Cela est loin d’être suffisant face à une pathologie qui se classe parmi les 3 premières maladies reconnues invalidantes par l’OMS, et la première pour les 18-50 ans", rappelle Sabine Debremaeker.