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Musicothérapie ?

Contre l'épilepsie ? Ecoutez du Mozart !

Par Diane Cacciarella

Ecouter des oeuvres du grand musicien du XVIIIème siècle pourrait, chez les patients atteints d'épilepsie, réduire la fréquence des crises. Deux chercheurs ont fait une synthèse des études concernant l’effet de la musique de Mozart sur cette maladie. 

zudin/iStock
Les effets de la musique de Mozart chez les patients épileptiques avaient déjà été constatés
Un nouveau travail montre l'impact de cette musique sur la fréquence des crises
30% des épileptiques ne répondent pas aux traitements médicamenteux

Les oeuvres de Wolfgang Amadeus Mozart datent du XVIIIème siècle. Pourtant, ce n’est qu’en 1993 que deux chercheurs en médecine affirment que l’écoute de certaines de ses compositions peut améliorer les sens spatio-temporels des patients épileptiques. On parle alors d’”effet Mozart”. Aujourd’hui, deux scientifiques italiens vont plus loin. Ils assurent que ses sonates réduisent la fréquence des crises d’épilepsie. Jusqu’à présent, les études sur ce sujet impliquaient trop peu de participants et les résultats étaient parfois discutables. Gianluca Sesso et Federico Sicca, chercheurs à l'Université de Pise, ont donc décidé de faire une méta-analyse des 147 travaux de recherche existants pour en tirer des conclusions plus solides. Au final, ils ont sélectionné douze études, en fonction de leur pertinence et leur qualité. Ils viennent de présenter leurs résultats à un congrès virtuel, l’European College of Neuropsychopharmacology Congress (ECNP), qui a lieu jusqu'au 15 septembre. Ils ont aussi été publiés dans la revue ScienceDirect

Pas de traitements médicamenteux pour 30% des patients épileptiques

L’épilepsie peut être définie comme une affection chronique qui se caractérise par des signes et des symptômes neurologiques survenants au cours de crises brutales et répétées. Il en existe trois types : les crises épileptiques généralisées (chute, perte de connaissance, raidissement du corps suivi de secousses musculaires), partielles (dont les aspects sont variés : crises motrices, sensitives, sensorielles, etc.) et les états de mal épileptique (partiels ou généralisés qui correspondent à la succession rapide de crises, l’une survenant avant qu’il y ait eu récupération de la précédente). Le traitement de l’épilepsie nécessite la prise de nombreux médicaments qui permettent une raréfaction voire une disparition des crises.

Mais pas chez tous les patients. Chez 30% d’entre-eux environ, ces médicaments ne fonctionnent pas. D’où l’importance des travaux de ces deux chercheurs. Selon eux, l'écoute de certaines oeuvres de Mozart entraîne une réduction significative des crises d'épilepsie de 31% à 66% en fonction du patient et du stimulus musical utilisé, autrement dit le morceaux de musique. Les sonates pour deux pianos K448 et K545 du compositeur auraient un effet particulièrement positif. Les progrès se sont produits après une seule séance d'écoute et se sont maintenus après une période de traitement prolongée. En somme, la musique de Mozart peut améliorer les crises d'épilepsie après un traitement musical à court et à long terme.

Un plaidoyer pour la musicothérapie 

«Toutes les cultures ont de la musique, elle répond donc à un besoin psychologique, assure Gianluca Sesso. De toute évidence, d’autres musiques peuvent avoir des effets similaires.” Au sein de la communauté scientifique, l’utilisation de la neurostimulation basée sur la musique pour traiter les crises d’épilepsie reste une question controversée. Pour les deux chercheurs, la musicothérapie devrait être utilisée comme une approche complémentaire du traitement de l'épilepsie. Une pratique simple à mettre en place. Pourtant, certains praticiens restent prudents, à l’instar de Vesta Steibliene, de l’Université lituanienne des sciences de la santé : “Pour utiliser cette méthode dans des contextes cliniques, le mécanisme exact de l'effet de la musique Mozart sur les régions du cerveau doit être mieux compris." Une solution qui pourrait néanmoins soulager les 600 000 personnes qui souffrent d’épilepsie en France, selon les chiffres de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).