Face à la Covid-19, la stratégie de dépistage massif de la population rencontre un problème de stock. Le nombre de tests hebdomadaire a dépassé le million mais s’accompagne de délais de résultats qui ne cessent de s’allonger et de fils d’attente toujours plus importante devant les centres. Pour y faire face et prioriser les dépistages, Jean Castex a annoncé vendredi dernier une priorisation dans l’accès à ces tests aux personnes symptomatiques, cas contacts et au personnel soignants à qui sera réservé des lieux et créneaux pour se faire tester.
Des tests jetés
Mais les commandes de réactifs ont du mal à suivre l’augmentation constante du nombre de tests. Chaque semaine, ce sont environ 20% de tests supplémentaires qui sont réalisés. “À chaque fois qu'on est arrivés au niveau technique pour rendre dans des délais raisonnables, on monte la barre, a observé François Blanchecotte, président national du syndicat des biologistes, à Europe 1. À un moment donné, c'est vrai que ça coince ! Une entreprise industrielle, elle ne s'adapte pas avec trois fois plus de commandes. On l'a bien vu avec la production de masques en France, le temps que ça a demandé.”
L’autre problème rencontré par les laboratoires est que les fournisseurs sont sollicités par tous les pays du monde, rallongeant les délais de livraison. La conséquence est que certains tests sont jetés sans avoir pu être traités. Des patients se retrouvent donc sans savoir s’ils sont positifs et ne s’isolent pas la plupart du temps ce qui fait progresser la propagation du virus. “Si on veut pouvoir prévenir les personnes contaminées par la personne que l'on teste, il faut bien que le résultat soit rendu avant que la personne n'ait contaminé tout le monde, sinon ça ne sert à rien, à part à compter les malades !”, déplore Bertrand Legrand, généraliste à Tourcoing, à Europe 1.
Des machines pour augmenter les capacités de dépistage
Cette ruée sur les tests qui provoque la pénurie explique la volonté du gouvernement de prioriser les patients à tester. “On limite pour garder des délais raisonnables, explique Jérémie Gérard, directeur de Synlab Hauts-de-France à La Voix du Nord. Ça ne sert à rien de faire des tests et de donner les résultats une semaine après…” Pour lutter contre cette pénurie, des laboratoires ont investi dans de nouveaux automates d’analyse. “Nous aurons une capacité de 3 000 tests par jour la semaine prochaine” avec ces machines, a révélé Christophe Hacot pour Diagnovie Hauts-de-France.