L’image est fixe et pourtant vous avez l’impression qu’elle bouge : les illusions d’optique sont une manière de tromper notre cerveau. L’humain n’est pas la seule espèce concernée, le singe les perçoit aussi et même la mouche. La capacité de l’insecte à ressentir ces troubles de la perception intéresse la science. Dans Proceedings of the National Academy of Science, une équipe de recherche américaine explique qu’en analysant leur activité cérébrale face à une illusion d’optique, elle a réussi à maîtriser cette fonction du cerveau.
Les mouches sont attirées par le mouvement
"C’était excitant de voir que les mouches percevaient des illusions d’optique sur des images statiques, exactement comme nous", raconte l’un des co-auteurs de l’étude, Damon Clark. Dans un premier temps, les chercheurs ont placé les mouches face à une illusion d’optique. Normalement, les insectes se déplacent instinctivement vers le mouvement qu’ils perçoivent. Lors de l’expérience, les mouches ont commencé à tourner dans le même sens que l’illusion d’optique, perçue par le cerveau humain.
Le rôle de deux types de neurones
Le cerveau des mouches est petit et cela facilite le suivi de l’activité neuronale de leur système de vision. Les chercheurs ont repéré les groupes de neurones liés à la détection du mouvement dans le cerveau des drosophiles. En les activant, puis en les désactivant, ils ont réussi à modifier la perception des illusions d’optique par les mouches : la détection de ces illusions était lié à deux types de neurones, désactiver les deux supprimait toute perception de l’illusion. Lorsqu’un seul des neurones était inactif, les mouches percevaient l’illusion dans le sens inverse.
Des points communs entre la mouche et l’Homme
Comme l’humain et la mouche partagent des points communs dans leur système de perception et de vision, les chercheurs ont testé leurs découvertes sur l’Homme. Onze personnes ont répondu à des questions sur des illusions d’optique. Ils devaient notamment décrire les mouvements perçus. Les scientifiques ont constaté que le système cérébral lié à la vue est plus complexe chez l’Homme, mais d’après eux, les mécanismes de l’illusion d’optique auraient des similitudes avec ceux des mouches. "Le dernier ancêtre commun des mouches et de l’Homme a vécu il y a un demi-milliard d’années, mais les deux espèces ont évolué dans des manières similaires en ce qui concerne la perception du mouvement", conclut Danon Clark. Grâce à l'analyse des différents mécanismes et de leurs différences, il espère pouvoir comprendre le système de vision chez l'Homme dans sa globalité.