Alors que 70 élus élus de gauche et écologistes demandent un moratoire sur la 5G, le chef de l’Etat a tranché. "Oui, la France va prendre le tournant de la 5G", a lancé Emmanuel Macron devant des entreprises du numérique, ironisant sur ceux qui préféreraient "le modèle Amish", en référence à cette communauté religieuse américaine hostile à la technologie.
Des débats sur les effets de la 5G à long terme
"J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour nous expliquer qu'il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine", a insisté le Président, déclenchant une cascade de réactions sur la Toile. Parmi les interrogations des internautes, celle de l’impact de la 5G sur la santé est au cœur des débats : où en est la recherche ?
Un nouveau rapport international, mis en avant par Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques, conclut à une absence d'effets spécifiques de la 5G sur la santé, mais seulement à court terme. "Au vu du grand nombre d’études publiées depuis les années 1950, en France et dans le monde, sur les effets des radiofréquences sur la santé, il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme, c’est-à-dire d’effets thermiques délétères sur les tissus, en dessous des valeurs limites d’exposition recommandées par l’ICNIRP, ni dans le grand public, ni chez les travailleurs (….).Par ailleurs, il n’a pas été démontré de lien de causalité entre ondes électromagnétiques et hypersensibilité électromagnétique des personnes", notent les experts.
Sur le long terme en revanche, les scientifiques sont beaucoup plus nuancés."Les éventuels effets de long terme, cancérogènes ou non, difficiles à mettre en évidence, sont à ce stade, pour l’essentiel, non avérés selon les mêmes agences nationales et internationales. Des débats persistent toutefois, notamment pour ces effets de long terme, au sein de la communauté scientifique. Il n’a pas été mis en évidence d’effets avérés chez les enfants sans que l’on puisse exclure la possibilité d’effets cognitifs", peut-on lire.
Pénétration directe dans le corps
Pour se développer, la 5G utilisera de nouvelles fréquences, qui soulèvent des inquiétudes. "La 5G va utiliser des nouvelles fréquences, 3,5 Ghz ou 26 Ghz. Si le premier reste relativement proche des fréquences de la 4G pour laquelle des données sont déjà disponibles, aucune étude n’existe à ce jour sur la fréquence 26 Ghz qui doit être déployée aux alentours de 2025 avec une pénétration directe dans le corps et une absorption par les premières couches de la peau", dénonçaient en juin dernier plusieurs députés Les Républicains, qui réclament la création d'une commission d'enquête sur les effets de la 5G sur la santé.
Dans un rapport préliminaire en date du 27 janvier dernier, l’Anses mettait en garde contre "un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels" d’une exposition à ces nouvelles fréquences. Étudier leur effet sur notre santé n’est effet pas si facile, comme nous l’a confié Yves Le Dréan, chercheur pour l’Inserm dans l’unité Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) : "il y a beaucoup de biais méthodologiques qui peuvent laisser penser qu’il y a un effet [des ondes sur la santé humaine, NDLR] alors que ce domaine-là est particulier car il requiert une double compétence, en biologie et électronique. Or, on voit des équipes compétentes en biologie mais pas du tout en électronique mener des études sur le sujet. Elles voient donc la biologie bouger mais ne savent pas si c’est dû aux ondes ou à l’effet micro-ondes de leur système d’exposition pas du tout contrôlé. A l’inverse, il y a études menées par des physiciens où l’exposition est bien contrôlée mais pas la biologie. Mais ces papiers-là peuvent être publiés quand même, selon que la revue est spécialisée dans la biologie ou l’électronique."
Lancement de la commercialisation à la fin de l'année
La 5G s’inscrit dans un processus continu d’amélioration technologique depuis la 1G dans les années 1980. Cette cinquième génération de réseau mobile a vocation à améliorer les performances (débit, réactivité, densité d’objets connectés) par rapport à la 4G, et s’accompagne du déploiement de nouveaux types d’antennes. Sauf en cas d'une décision politique contraire, les enchères d'attribution des fréquences du réseau débuteront fin septembre pour un lancement de la commercialisation à la fin de l'année.