Des prescriptions sur plusieurs mois de médicaments anti-infectieux et de chélateurs de métaux lourds ont été identifiées chez des enfants atteints d’autisme. Alertée, l’ANSM "déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée". L’agence a également informé le procureur de la République de ces prescriptions dangereuses.
Troubles cardiovasculaires et cutanés
Les prescriptions de médicaments dénnoncées se font en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché (AMM). Il s’agit, en particulier, de prescriptions de médicaments anti-infectieux (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires et antiviraux) ainsi que de médicaments destinés au traitement des intoxications aux métaux lourds (chélateurs).
En l’absence de données cliniques, ces médicaments ne sont pas recommandés dans la prise en charge des troubles du spectre de l’autisme par la Haute Autorité de Santé (HAS). "De plus, les anti-infectieux présentent des risques de survenue d’effets indésirables, en particulier lors d’une exposition au long cours", précise l’ ANSM. Ils peuvent se caractériser, outre les effets digestifs, par des troubles cardiovasculaires, cutanés, ainsi que par d'autres problèmes spécifiques à chaque antibiotique utilisé. "Par ailleurs, l’utilisation d'antibiotiques sur une durée longue va contribuer à l'émergence d'une antibiorésistance qui diminuera l’efficacité du traitement en cas d’infection avérée", complètent les experts de l’agence de santé publique.
Le conseil de l’Ordre des médecins et la CNAM alertés
Suite à ses investigations, l’ANSM a informé le conseil de l’Ordre des médecins, le conseil l’Ordre des pharmaciens, la CNAM et a saisi le procureur de la République de ces dérives thérapeutiques.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) concernent une naissance sur cent. En France, environ 700 000 personnes en seraient atteintes, dont 100 000 de moins de vingt ans. Les premiers signes évocateurs de la maladie se manifestent avant les trois ans de l’enfant. Ils se caractérisent par un trouble de la communication, des difficultés à avoir des interactions sociales et des anomalies comportementales.