Autisme et déclenchement de l'accouchement pourraient-ils être liés ? C'est en tout cas ce que suggère une étude américaine publiée lundi dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics (JAMA). L’autisme est un trouble envahissant du développement qui apparaît au cours de l’enfance. Il se manifeste par des altérations dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que par des troubles du comportement. Les personnes souffrant d’autisme semblent souvent isolées dans une sorte de monde intérieur.
« Notre étude est de loin l'une des plus étendues à se pencher sur le lien entre risque d'autisme et déclenchement ou stimulation du travail lors de l'accouchement », souligne le Dr Simon Gregory, de l'Université de Duke basée à Durham (Caroline du Nord) et principal auteur de la recherche.
Pour arriver à cette conclusion, le Dr Gregory et son équipe ont examiné les données médicales portant sur toutes les naissances en Caroline du Nord pendant 8 ans, de 1990 à 1998. Au total 625 042 dossiers d'enfants ont été analysés. Parmi toutes ces grossesses, 170 000 avaient été déclenchées médicalement, au moyen de l'hormone ocytocine (Pitocin). Ces dernières ont abouti dans 5 648 des cas à la naissance d’enfants atteints d’autisme.
Et, d'après leurs cacluls, ces chercheurs ont découvert un risque d’autisme augmenté de 23 % chez les enfants nés suite à un accouchement déclenché, par rapport à ceux nés de mère dont le travail s'était produit naturellement. Même s'ils ne donnent pas d'explications, les auteurs ont relevé aussi que les garçons nés d'un accouchement accéléré étaient plus touchés, avec un risque augmenté de 35 % contre 18 % chez les filles nées dans le même contexte.
Cependant, ces scientifiques souhaitent rassurer les futures mamans et rappellent donc que le risque d'autisme à la naissance reste très faible. Sur l'ensemble des enfants, seuls 1,3 % des garçons et 0,4 % des filles souffraient de ce trouble.
Pour expliquer ce constat surprenant, les auteurs émettent une hypothèse et pointent notamment du doigt les médicaments utilisés pour déclencher le travail en cas de souffrance fœtale ou de diabète gestationnel. Enfin, ils affirment que l'absence de déclenchement ou d'augmentation artificielle des contractions pourrait éliminer deux cas d'autisme sur mille chez les garçons.
CNN Health indique sur son site que cette première étude de grande ampleur sur le sujet vient compléter plusieurs travaux déjà réalisés sur les facteurs pouvant contribuer au développement de l'autisme chez l'enfant. Dans ces précedentes recherches, des scientifiques avaient déjà démontré que selon l'âge de la mère, le risque d'autisme pouvait être augmenté de 30 %. Le diabète de la mère augmenterait pour sa part ce risque de 24 %.
Prudents, les auteurs de cette dernière étude concluent, « une relation de cause à effet n’a pas réellement été établie ». Simon Gregory conseille donc pour le moment aux médecins de ne pas remettre en cause le recours au déclenchement de l’accouchement lorsque la santé de la mère et de l’enfant sont en jeu. Il appelle à « des études approfondies afin de mieux comprendre ce lien, en particulier parce que cette technique est utilisée de plus en plus fréquemment ces dernières années. »