S’éloigner pour se protéger : c’est le principe de la distanciation sociale. L’expression, quasiment inconnue avant le mois de mars, fait désormais partie de notre quotidien. Des chercheurs de l’école de santé publique de l’université John Hopkins ont testé l’efficacité de cette technique dans la réduction des contaminations. D’après eux, les personnes pratiquant une distanciation sociale stricte ont moins de risque de contracter le coronavirus.
Des règles différentes selon les pays
Les règles de distanciation sociale varient selon les pays, notamment le nombre de mètre qui doivent séparer deux individus : 1 mètre en France, au Danemark et en Chine, 1,5 mètre en Australie, en Allemagne et en Italie, et 1,8 mètre aux États-Unis. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’un mètre de distance est nécessaire. Elle recommande également le port du masque dans les zones fréquentées et à fort risque de transmission, une mesure largement adoptée à travers le monde.
Plus on reste chez soi, plus le risque d’infection diminue
Les chercheurs ont interviewé plus de 1 000 habitants du Maryland en juin. Dans cet Etat américain, plus de 113 000 cas et 3 700 décès ont été recensés. Les participants ont répondu à des questions sur leur utilisation des transports en commun, le port du masque, leur éventuelle contamination par SARS-CoV-2, leur pratique de la distanciation sociale, etc. L’analyse des données montre que la distanciation sociale réduit significativement les risques de contamination. Parmi les participants ayant pris les transports en commun au moins trois fois dans les deux semaines précédents l’étude, les infections au SARS-CoV-2 étaient 4 fois plus fréquentes, en comparaison aux personnes n’ayant pas utilisé ces moyens de transport. Les personnes ayant été dans un lieu de culte avaient 16 fois plus de risque d’avoir été infectées. "Nos résultats soutiennent l’idée que si vous sortez, vous devez être dans une distanciation sociale la plus stricte possible, car cela semble associé à un risque plus faible d’être infecté", explique l’auteur principal de l’étude Sunil Solomon.
Un outil de prédiction
Les chercheurs ont constaté que les personnes à risque sont globalement conscientes de leur vulnérabilité. 81% des plus de 65 ans ont respecté les mesures de distanciation sociale, contre seulement 58% des 18-24 ans. L’équipe de Sunil Solomon souhaite utiliser ces sondages comme des outils de prédiction. "Nous avons fait cette étude dans le Maryland en juin, et cela a notamment montré que les plus jeunes étaient peu susceptibles de réduire leur risque d’infection grâce à la distanciation sociale, un mois plus tard, une grande partie des cas d’infection au SARS-CoV-2 dans cet Etat concernait les jeunes", souligne le chercheur. Pour lui, l’analyse des comportements peut être un moyen efficace d’identifier les potentiels foyers de contamination.