- Plus d'un millier d'infirmières seraient décédées dans 44 pays de suites de la Covid-19
- Ce chiffre est communiqué par une fédération regroupant 130 associations nationales d'infirmières
- Cet organisme pointe des défaillances concernant les protections individuelles et les tests à disposition de ces professionnelles de santé
Les infirmières et infirmiers ont été, et sont toujours, en première ligne de l’épidémie de Covid-19. Une fédération de 130 associations nationales d’infirmières, le Conseil international des infirmières, appelle aujourd’hui les gouvernements à mieux les protéger. Dans un rapport, l’organisation révèle que plus d’un millier d’infirmières et d’infirmiers sont décédés de la maladie, dans les 44 pays pour lesquels elle disposait de données. "Le CII appelle les gouvernements à remédier à leur défaillance collective et à accorder la priorité aux agents de santé à tous les niveaux", déclare l’organisme dans un communiqué. Il pointe plusieurs défaillances notamment le manque de tests et d’équipements de protection individuelle, les carences en formation sur la prévention et la lutte contre les infections, et un soutien psychologique insuffisant.
Un manque de considération
"Les recherches du CII indiquent que l’ampleur réelle des conséquences de la COVID-19 sur la santé mentale se traduira certainement par l’augmentation des maladies, de l’absentéisme, du surmenage professionnel et du nombre d’infirmières abandonnant la profession pour des raisons de santé", estime Howard Catton, directeur général du CII. Selon lui, le manque de protection du personnel soignant risque d’avoir des conséquences sur les patients. "La vérité crue, c’est que la sécurité du personnel de santé et la sécurité des patients sont les deux faces d’une même pièce, l’une ne va pas sans l’autre", a-t-il déclaré. Pour Annette Kennedy, présidente du CCI, la pandémie a "confirmé des choses que le milieu des soins infirmiers sait depuis longtemps, à savoir que les infirmières sont sous-estimées, sous-payées et parfois traitées comme des laissées-pour- compte".
La reconnaissance comme maladie professionnelle
Le CII estime qu’environ 10% des agents de santé ont été infectés par la Covid-19, soit trois millions de personne à travers le monde. Mais moins de la moitié des pays étudiés classent la pathologie parmi les maladies professionnelles : "ce qui a de graves conséquences en matière d’indemnisation, que ce soit en cas de maladie ou de décès", indique le communiqué du CII. En France, un décret, paru lundi 14 septembre 2020, stipule que la Covid-19 est une maladie professionnelle uniquement pour les personnels soignants ayant eu besoin d’une assistance ventilatoire ou pour ceux décédés. Pour les autres soignants ou les personnes exerçant une autre profession mais qui ont contracté la maladie sur leur lieu de travail, il est possible de faire une demande, qui sera étudiée par un comité dédié. "C’est la croix et la bannière, a déclaré Catherine Pinchaut, en charge des questions de santé au travail à la CFDT, à Libération. Pour tous les salariés qui n’étaient pas en télétravail, qui ont continué à faire tourner la boutique et qui ont été dans des situations où il y avait au début peu ou pas du tout de protection, ça doit être une évidence qu’ils ont été contaminés au boulot." Plusieurs syndicats et associations ont jugé le décret insuffisant.