- Selon une étude irlandaise sur 128 personnes guéries cliniquement de la Covid-19, la moitié d'entre elles souffrent de fatigue persistante.
- Aucun lien entre la gravité des symptômes ou la composition de la réponse immunitaire ne peut être fait avec cette fatigue
- Les femmes et les personnes avec des antécédents d'anxiété et de dépression sont plus susceptibles de développer cette séquelle
De nombreuses personnes ayant souffert de la Covid-19 se plaignent d'une fatigue persistante. Une étude menée par le Dr Liam Townsend, de l'hôpital St James et du Trinity Translational Medicine Institute (Dublin, Irlande) doit être présentée lors de la conférence sur la Covid-19 de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses fin septembre. Selon ces travaux, cette fatigue persistante surviendrait chez un patient sur deux touché par la Covid-19 et indépendamment de la gravité de leurs symptômes.
"La fatigue est un symptôme courant chez les personnes présentant une infection symptomatique au COVID-19. Alors que les caractéristiques de l'infection par le SRAS-CoV-2 ont été bien caractérisées, les conséquences à moyen et à long terme de l'infection restent inexplorées, explique le Dr Liam Townsend. Dans notre étude, nous avons cherché à savoir si les patients en convalescence restaient fatigués après leur guérison physique, et pour voir s'il existait une relation entre une fatigue sévère et une variété de paramètres cliniques. Nous avons également examiné la persistance des marqueurs de la maladie au-delà de la résolution clinique de l'infection."
Pas d'explications sur cette fatigue
Durant cette étude, les auteurs ont utilisé une échelle Chalder Fatigue Score (CFQ-11) - couramment utilisée pour déterminer la fatigue chez les patients guéris - ainsi que la gravité de l'infection initiale du patient (nécessité d'admission et soins critiques / intensifs), et leurs conditions physique et mentale avant l'infection (dont la dépression). À cet examen du patient, ils ont également observé divers marqueurs de l'activation immunitaire comme le nombre de globules blancs, de protéine C-réactive, de Interluekin-6 et de sCD25.
La cohorte se compose de 128 participants dont 55% ont dû être hospitalisés. Ils ont été recruté en médiane 10 semaines après la guérison clinique de l'infection et 52% de la cohorte se plaignait à ce moment-là de fatigue persistante. Or aucune association entre la gravité de la maladie et la fatigue n'a pu être établie. Tout comme aucune association entre les marqueurs de laboratoire de routine de l'inflammation et du renouvellement cellulaire (numération ou ratios des globules blancs, lactate déshydrogénase, protéine C-réactive) ou les molécules pro-inflammatoires (IL-6 ou sCD25) n'a pu être relié avec cette fatigue post-Covid-19.
Les femmes et les anxieux davantage touchés
Ils ont cependant remarqué que cette fatigue persistante touche davantage les femmes que les hommes. Elles représentent 54% de la cohorte mais 67% des patients signalant la fatigue. De même, les personnes souffrant de dépression et/ou anxiété avant leur infection souffrent presque toutes de cet effet à long terme.
"Nos résultats démontrent un fardeau important de fatigue post-virale chez les personnes ayant déjà été infectées par le SRAS-CoV-2 après la phase aiguë de la maladie COVID-19, assure-t-il. Cette étude souligne l’importance d’évaluer ceux qui se remettent du COVID-19 pour symptômes de fatigue sévère, quelle que soit la gravité de la maladie initiale, et peut identifier un groupe qui mérite une étude plus approfondie et une intervention précoce." Il soutient que des solutions non-médicamenteuses seraient le meilleur moyen de gérer cette fatigue comme une thérapie cognitivo-comportementale ou des exercices d'auto-stimulation.