Retard des dépistages, interruption des traitements en cours… L’épidémie de Covid-19 a entraîné un bouleversement des soins pour les patients atteints de cancer, ce qui pourrait se traduire par une augmentation de leur mortalité.
Face à la baisse du nombre de nouveaux patients habituels, les professionnels des Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC) appellent les Français à consulter et à se faire traiter sans délai, et ce malgré l’épidémie de Coronavirus.
Entre 5 et 30% de baisse d’activité de dépistage
"Les diagnostics tardifs chez des patients qui ne consultent plus en raison de la crise sanitaire du COVID peuvent avoir un impact sur les chances de guérison", avertit le Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer. Dès le début de la crise sanitaire, les CLCC ont mis en place des solutions sécurisées, à l’accueil, en hospitalisation, en consultations, pour accueillir leurs patients, garantissant une prise en charge dans les meilleures conditions. Les diagnostics et les soins nécessaires peuvent donc être effectués sans délais, et la peur de contracter le virus de la COVID-19 ne doit pas amener les patients à repousser les consultations.
"Il y a eu entre 5 et 30% de baisse d’activité de dépistage selon les structures pendant le pic épidémique. Il y a encore très peu d’études européennes en la matière. Une analyse à l’échelle nationale doit être faite sur l’impact du Covid sur la surmortalité des patients atteints de cancer. Il faudra probablement plusieurs mois voire années pour disposer des données suffisantes pour évaluer l’impact de la Covid sur l’architecture de dépistage", poursuit le Pr Jean-Yves Blay.
Augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% à 5 ans
Les premières estimations de l’impact de la Covid-19 sur les patients atteints de cancer viennent cependant d’être publiées par l’institut Gustave Roussy. Les résultats d’un modèle mathématique montrent notamment que l’inquiétude des patients quant à la contamination, leur venue plus tardive dans les centres de soins pour recevoir leurs traitements et les retards au diagnostic pourraient se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% à 5 ans. Ce sur-risque pourrait augmenter en cas de deuxième vague.
"En cas de reprise de l’épidémie, il sera donc important de communiquer, auprès des tutelles, et auprès des patients ou des personnes devant réaliser un dépistage, sur l’importance de ne pas décaler leur prise en charge. Pour certains cancers à un stade avancé, un retard dans la prise en charge peut se traduire par un changement majeur de pronostic", alerte l’institut Gustave Roussy.
Selon l’Institut national du cancer (INCa), on estime à 382 000 le nombre de nouveaux cas par an de cancer en France métropolitaine, soit 204 600 chez l’homme et 177 400 chez la femme. Depuis 30 ans, le nombre global de nouveaux cas de cancer augmente chaque année au sein de l’Hexagone. Cela s’explique principalement par le vieillissement de la population – qui fait exploser le nombre de cancers du sein ou de la prostate – et l’amélioration des méthodes diagnostiques.